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Une contribution de Abderrahmane ZAKAD

ALGÉRIE : OPINIONS CROISÉES AUTOUR DU « CHANGEMENT RADICAL »

LES FINALITÉS, RYTHMES, VOIES ET MOYENS

mardi 15 février 2011

L’écrivain Abderrahmane ZAKAD, présent à la manifestation du 12 Février à Alger, a adressé son opinion à Socialgérie sur cet évènement qui a focalisé l’attention des sphères politiques nationales et étrangères.
Son intérêt - c’est à ce titre que « Socialgérie » s’en fait l’écho - est d’aborder les points de vue contradictoires qui se sont manifestés tant au sein qu’en dehors des participants à cette initiative.
Toutes les opinions qui nous seront adressées à ce sujet seront les bienvenues sur ce site, pourvu qu’elles s’en tiennent de façon constructive et unitaire au fond des problèmes : la finalité du changement (démocratique ? social ? libéral ? autre ? ….), les voies, les rythmes et les moyens pour y parvenir etc..

Les opinions reproduites ici n’engagent évidemment que leurs auteurs.
Aux visiteurs du site de les confronter avec leurs propres convictions et expériences, dans l’intérêt de la vague de fond transformatrice tant souhaitée.


Place aux jeunes pour le changement

par Abderrahmane ZAKAD

Pendant 20 ans, l’opposition n’a rien réussi. D’abord elle n’a jamais pu ni s’allier ni s’entendre sur un minimum. Ensuite, elle n’a ni produit un programme cohérent, ni attiré des cadres et des intellectuels ni crée des écoles de formation ou un journal du parti ni s’ouvrir sur le territoire national ni fait avancer les choses dans les différentes assemblées élues.
Du fait de cette incapacité de légiférer, la première des décisions qui aurait dû être entreprise est de démissionner de la fonction d’élu étant donné que le peuple ne les reconnait plus. Mais le miel attire les mouches. En plus la population urbaine d’Alger est une population parasite qui bénéficie des retombées de la rente par capillarité.
Je m’adresse donc à tous les jeunes algériens du pays dont ils sont partie prenante.

Surtout que l’on ne m’accuse pas d’être pour le pouvoir ou d’être téléguidé. (Quelle précaution il faut prendre de nos jours pour ne pas être discrédité).

J’applaudis la décision du CDNC d’avoir appelé à la marche comme j’aurai applaudi toute autre action pacifique venant d’autres entités politiques, sociales ou populaires, afin que dans notre pays la démocratie vraie s’instaure et que toutes les libertés soient effectives.

Mais je tiens à dire que la naissance in vitro de cette CDNC me semble suspecte. En plus le bébé est applaudi par la presse étrangère et El Jazeera alors qu’ils n’ont aucune information concernant cette formation. Attendons pour voir, les choses se sauront car l’ Algérie rend jaloux tous les pays et surtout le FMI qui n’a plus prise sur elle pour la perturber.

En tant qu’observateur, j’étais présent à la manifestation du 12 février. Ce que je peux en dire :

1 – Le gouvernement avait fait une déclaration pour que la levée de l’état d’urgence soit prise et les médias ouverts et accessibles aux partis et aux débats. C’est déjà une victoire. Attendons et nous jugerons sur pièce. La presse annonce déjà d’autres ouvertures.

2 – Quelques jours avant la manifestation, l’entrée dans Alger était filtrée par toute sorte de moyens.

Concernant ces deux points, le CNCD aurait dû en tenir compte et revoir les mots d’ordres et modifier la stratégie afin de procéder en douceur, l’important c’est les objectifs.
La participation d’hommes politiques peu plébiscités, d’autres personnes présentes inconnues ou rejetées et l’absence du peuple de l’Algérie profonde et réelle ont réduit la portée de la manifestation.

Lors de la manifestation du 12, il était visible que la place du 1er mai était encerclée par des milliers de policiers et que les 2.000 manifestants ne pouvaient pas franchir les barrages.

La sagesse et l’efficacité aurait été de s’asseoir parterre et ne plus bouger comme avait fait Ghandi lors de son combat. Nous aurions été 2.000 Ghandis.

La manifestation prévue pour être pacifique s’est peu à peu transformée en contestations marquées par des échauffourées quelques fois violentes des deux côtés. Les barrages étant infranchissables, certains, pour se montrer et acquérir « la gloire » se sont dépensés à vouloir les franchir donnant ainsi à leur action une forme de provocation violente et en même temps, ils se sont retrouvés au commissariat, leur nom est cité par la presse ainsi que leur fonction, c’est ce qu’ils cherchaient et c’est tout bénéfice pour eux.

Bien sûr, il faut poursuivre le combat pour la démocratie et la liberté mais il faut que cela soit fait chez nous et par nous. Depuis 20 ans, avant nos frères tunisiens et égyptiens, nous avons acquis de l’expérience pour ce qui est de nous libérer et de repenser et revoir les fondements de notre république. Les médias étrangers sont en train de nous déprécier et de nous déclasser par rapport à nos frères tunisiens et égyptiens que nous félicitons. La peur nous l’avons expurgée depuis avril 80 et les années 90, l’éveil du peuple est effectif et notre volonté est tenace.

Il convient donc de s’adapter et mesurer à l’avance la manière et les objectifs à atteindre en considérant que déjà pointent à l’horizon les « conseils » d’Obama et de Sarkozy dont les visées sont autres que la liberté des Algériens mais les richesses pétrolières et minières, en plus d’une reconfiguration du monde après l’échec du Grand Moyen Orient et de l’Union pour la méditerranée (UPM), sans compter les plans qu’ils élaborent pour la consolidation d’Israël.

Hélas, grâce aux souffrances de notre peuple, aux blessures qui nous ont marquées (terrorisme, harraga, suicide), nous nous libérons petit à petit et c’est le meilleur des chemins. Nous devons utiliser à présent notre intelligence, notre sagesse et notre pondération pour que Obama et l’Occident découvrent et comprennent enfin la maturité et la générosité du peuple algérien

À vous les jeunes de ramasser la révolution que Benmhidi a jeté dans la rue pour qu’enfin son vœu soit exaucé.

Abderrahmane Zakad-Ecrivain

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