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SOLIDARITÉ DES PEUPLES FRANÇAIS ET ALGÉRIEN

allocution de Abdelkader Benfodda (*)

jeudi 26 avril 2012

LES OUBLIÉS DE L’HISTOIRE

L’HONNEUR DE LA FRANCE

Salutations

Au nom de l’Association Santé Sidi El Houari, il m’est agréable d’intervenir pour exprimer tout d’abord nos remerciements à la Mairie de Stains, à ses différents représentants, au personnel qui s’est occupé de notre accueil, combien humain et chaleureux. Comme il est mentioné dans notre Charte, le resserrement des liens d’amitié et de coopération entre les peuples n’est pas une simple formulation creuse ; il prend un contenu palpable et les marques de solidarité qui ont marqué notre séjour et celui des autres délégations, en sont la manifestation concrète.

Le sujet que j’ai eu la charge et l’honneur de vous exposer s’inscrit en droite ligne de l’esprit de notre Charte. Et lorsqu’on parle d’amitié et de solidarité, comment ne pas évoquer les événements tragiques qui ont marqué l’histoire de nos 2 peuples, il y a de cela 50 ans.

Ces algériens de souche européenne

En effet, le moment n’est il pas venu d’évoquer cette douloureuse période pour restituer une partie de l’histoire cachée, non dite de la Guerre d’Algérie. Et ce qui me préoccupe, dès le moment où j’ai pris conscience des réalités politiques, c’est la nécessité de rendre justice à ces hommes que l’historiographie officielle, des 2côtés de la Rive, a voulu ignorer.

Il ya d’abord ces Européens d’Algérie qui se sentent avant tout, Algériens et qui ont combattu pour la dignité de leur peuple. La plupart d’entre eux, militants communistes ou syndicalistes CGT, s’était engagée depuis les années 30, dans les luttes sociales, pour plus de justice, d’égalité des droits, d’égalités salariales, de démocratie et de progrès social. Profondément indignés par les injustices sociales, ils ont évolué, tout comme leurs camarades de souche algérienne, vers des positions plus radicales et vers l’engagement politique en faveur de l’indépendance nationale. Jusqu’au sacrifice suprême !

Fernand Iveton déclarait, peu avant d’être guillotiné :

« La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l’amitié entre Français et Algériens se ressoudera ».

La liste est longue de ceux qui ont bravé les interdits : il faudra témoigner et rendre hommage à Maurice Laban, à l’aspirant Henri Maillot, au mathématicien Maurice Audin, à Me Théveny tué par la Main Rouge au Maroc. Aux nombreux autres qui ont connu la torture et l’emprisonnement, à Henri Alleg, au Docteur Daniel Timsit décédé il y a quelques années, à Georges Acompora mort en février 2012, à Annie Steiner toujours combattante à 84 ans, …

Ces français qui ont forcé l’admiration du peuple algérien

La cause de la Révolution était juste ; la misère subie par le peuple, les multiples injustices qu’il supportait, le refus d’introduire des réformes et l’attachement indéfectible au système colonial, tout cela a conduit de nombreux français à la soutenir, et même à lui venir en aide concrètement.
Dès juin 1955, Francis Jeanson dénonce la répression dans un pamphlet intitulé "L’Algérie hors la loi". C’est le début de son engagement qui le conduira 2 années plus tard à la création de son réseau de soutien au FLN – plus connu sous le nom de Réseau Jeanson ou des Porteurs de valises ; leurs tâches : hébergement des militants recherchés, recherche de planques, confection de fausses cartes d’identité, transport d’argent provenant des cotisations vers la Suisse…

Francis Jeanson s’adressant au président Bouteflika, en juin 2000 lors d’une réception, lui déclare :

"Je voudrais que tu retiennes que mes camarades et moi n’avons fait que notre devoir, car nous sommes l’autre face de la France. Nous sommes l’honneur de la France."

Il y a ceux qui se sont engagés résolument dans la défense des révolutionnaires algériens, dont Jacques Vergès, Gisèle Halimi pour ne citer que les plus en vue. Il y a également, avec Jean Paul Sartre comme porte drapeau, “ le Manifeste des 121” intellectuels – en 1960 - qui a eu un grand écho international et qui a permis à la Révolution algérienne d’être portée par le mouvement progressiste en France et en Europe.

Mais, ce qui a été déterminant ce fut la prise en charge des objectifs de la Révolution par les masses populaires à partir de décembre 1960, en Algérie, et la prise de position du peuple de France pour le droit à l’autodétermination.
Quelles qu’aient été les tentatives de freiner la roue de l’histoire, par la rébellion du Quarteron de généraux en avril 1961, la répression du 17 octobre 1961 à Paris, les massacres perpétrés par l’OAS en Algérie ou les tueries de Charonne en février 1962, le sort en était joué.
La signature des accords d’Evian le 18 mars 1962, et l’entrée en vigueur du cessez le feu dès le lendemain, allaient ouvrir une nouvelle page dans l’histoire des 2 pays.

La solidarité comme moteur de l’amitié et du progrès

Ce résultat, impossible à imaginer le 1er novembre 1954, allait donner naissance à la jeune République algérienne. Il sonnait le glas du système colonial français et ouvrait les portes de l’indépendance aux autres états africains, encore sous domination.
Cet aboutissement ne fut possible que par l’engagement des citoyens des 2 bords de la Méditerranée en faveur du droit, de la justice et de la dignité humaine.
Et ces marques de courage politique, au départ éparpillées, ont fini par entrainer la reconnaissance du droit à l’autodétermination.

Puis ce fut l’indépendance ; des espoirs pleins la tête, une vie à construire ou à reconstruire pour la grande majorité, une coopération qui a drainé des milliers de ces pieds rouges à l’engagement débordant : tout cela reste à évaluer.
5O ans après les accords d’Evian, nous commémorons ensemble cet événement historique, sous le signe de l’amitié et de la solidarité entre les peuples.
C’est dire qu’il est possible d’avancer ensemble, d’échanger nos expériences et d’en tirer le meilleur profit, de nous apprécier mutuellement dans la diversité et la complémentarité de nos valeurs culturelleset citoyennes.

Engageons nous à tisser solidement ces liens qui nous unissent, aujourd’hui, et à toujours les élargir afin que nos mots d’ordre de paix, de justice, de liberté et de progrès social deviennent réalité.

******************

(*) allocution prononcée par Abdelkader Benfodda au cours d’un colloque organisé par la commune de Stains pour la commémoration du 50ème anniversaire des Accords d’Evian,
auquel avait été invité à participer l’association “Santé Sidi El Houari” (SDH) de Oran.

site de l’association Santé Sidi El Houari de Oran

Échanges de la Municipalité de Stains avec l’association
SIDI EL HOUARI - ORAN, ALGÉRIE.


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