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PIERRE CHAULET NOUS A QUITTÉ

mercredi 10 octobre 2012

Une du quotidien Le Temps d’Algérie (10 octobre 2012)


"ENTERREZ-MOI À CÔTÉ DE HENRI MAILLOT" - Fateh Agrane
- 9 octobre 2012.


UNE INTERVIEW RECENTE : “Viens chez moi j’habite à la Paillade” reçoit Pierre Chaulet.

http://www.dailymotion.com/video/xri6dr_viens-chez-moi-j-habite-a-la-paillade-recoit-pierre-chaulet_webcam


L’ ALGERIE A PERDU EN PIERRE CHAULET UN HOMME DE COURAGE ET UN JUSTE PARMI LES JUSTES - écrit par Yassine Temlali - le 5 octobre 2012 - maghrebémergent.


HOMMAGE A PIERRE CHAULET - du Cercle NEDJMA - le 5 octobre 2012.


Décès de Pierre Chaulet - UN HÉROS - par K. Selim - Le Quotidien d’Oran, 6 octobre 2012


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PIERRE CHAULET, L ’ ALGÉRIEN - par Ahmed Halfaoui - Les Débats - le 7 octobre 2012.


"Enterrez-moi à coté de HENRI MAILLOT"

Ton vœu a été exaucé PIERRE, nous l’avons fait aujourd’hui, nombreux et solidaires, en ce mardi où tu reposes pour l’éternité à coté de ton compagnon de la libération le communiste et Chahid HENRI MAILLOT, au cimetière d’EL MADANIA d’Alger.

Pour une dernière fois tu nous administres un plan de médecine préventive pour combattre, toute étroitesse et autres divisions du combat libérateur de notre peuple !

Toi le combattant et le bâtisseur d’une ALGÉRIE dont rêvaient nos martyrs, de justice sociale et, de bien être pour tous !

Tu as choisi de reposer à coté d’un juste , pour continuer d’entretenir dans nos mémoires et celles des générations à venir la flamme inextinguible de l’union fraternelle et révolutionnaire qui est venue à bout du colonialisme génocidaire, pilleur et usurpateur !

Toi que les paysans, et citoyens modestes connaissent toi qui a réussi à éradiquer la tuberculose qui rongeait le corps de ton peuple et la vaincre !

Tu nous indiques pour une dernière fois a coté de qui tu dois te poster dans notre mémoire pour résister et vaincre ! car entres autres maladies le néolibéralisme a réintroduit la tuberculose et d’autres maux qu’on croyait à jamais révolus !

Alors va brave et humble résistant et mêle tes sels avec ceux de HENRI ! il t’attend.

Lui qui les armes à la main nous a tracé pour la dignité le chemin !

Remets lui ta plume et ton stéthoscope et embrasse le sur son front ; sur son étoile
Scintillante, sur les balles qui ont transpercé son corps, rêve ardent de la liberté
Et sa foi en le socialisme ! oui en le socialisme où « l’homme ne sera plus un loup pour son frère »
adieu père et merci Pierre !

FATEH AGRANE
9 OCTOBRE2012

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L’ ALGÉRIE A PERDU EN PIERRE CHAULET
UN HOMME DE COURAGE
ET UN JUSTE PARMI LES JUSTES

ÉCRIT PAR YASSIN TEMLALI

VENDREDI, 05 OCTOBRE 2012

maghrebémergent

Pierre et Claudine Chaulet en mai 1962, lors du premier rapatriement de réfugiés algériens de Tunisie.

Né en 1930 en Algérie, dans une famille issue du peuplement colonial mais engagée dans les organisations du courant « catholique social », Pierre Chaulet a très tôt décidé d’échanger sa « communauté » contre son peuple. Quelques semaines après le déclenchement de la Révolution, il s’engageait, avec son épouse Claudine Guillot-Chaulet, au sein du FLN. Il sera après l’indépendance un des concepteurs du système de santé publique. Ni la « décennie noire » ni les sanglantes années 1990 ne lui feront perdre l’espoir de voir les jeunes Algériens sortir leur pays du cercle de ses tragédies et lui frayer une voie vers la lumière.

Un juste parmi les justes, le militant de l’Indépendance de l’Algérie Pierre Chaulet, s’est éteint ce matin au milieu des siens des suites d’une longue maladie.

Né le 27 mars 1930 en Algérie, dans une famille issue du peuplement colonial français mais engagée dans différentes organisations du courant « catholique social » (syndicats ouvriers, scouts…), Pierre Chaulet a très tôt pris conscience de l’insoutenable condition de ces millions d’autres Algériens, les « indigènes », qu’un abîme de ségrégations empêchait d’être ses frères et concitoyens. Cette prise de conscience s’aiguisera au contact de militants nationalistes de tous bords, rencontrés à la Faculté d’Alger où il préparait son doctorat de médecine. Elle prendra, le 21 novembre 1954 (soit trois semaines seulement après le déclenchement de la Révolution) la forme d’un engagement total pour l’indépendance de l’Algérie, au sein du Front de libération nationale (FLN). Cet engagement - si périlleux lorsqu’on se remémore que le FLN n’était alors qu’une petite organisation embryonnaire - sera aussi, et simultanément, celui de son épouse, Claudine Guillot-Chaulet, née en France dans une famille républicaine et humaniste installée en Algérie dès 1946.

Membre, comme son épouse, des réseaux clandestins du FLN, Pierre Chaulet a été arrêté puis relâché. Il sera mis sous étroite surveillance et harcelé par la police coloniale. Avec Claudine, il rejoindra Tunis où il fera partie de la rédaction d’El Moudjahid, voix de la résistance, avec, entre autres militants, Abane Ramdane et l’« Algérien de Martinique », le psychiatre Franz Fanon. Il effectuera également de nombreuses missions pour le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en Tunisie et dans d’autres pays.

À l’indépendance, en 1962, Pierre et Claudine Chaulet rentreront en Algérie et opteront pour la nationalité algérienne. La jeune république, démunie de compétences suite au départ massif des pieds-noirs, trouvera en eux des cadres dévoués à leurs « tâches d’édification nationale » pour employer le vocabulaire de l’époque. Lui travaillera en tant que professeur de médecine et sera un des concepteurs du système national de santé publique, tandis qu’elle, elle se vouera, en tant que sociologue, à l’étude du monde rural, dans différents centres de recherches et à l’université, où elle enseignera jusqu’à sa retraite.

Le parcours de Pierre Chaulet, de 1962 à son décès aujourd’hui, embrasse différentes périodes historiques : les exaltantes années de la médecine gratuite, de la réforme agraire et de la généralisation de l’enseignement public ; la « décennie noire » et son lot de gabegies et de renoncements aux acquis de l’indépendance au nom de l’efficacité économique ; la « décennie rouge » qui l’a contraint, lui et Claudine Chaulet, à un douloureux exil européen de 1994 à 1999 ; et, enfin, les treize dernières années, correspondant aux « années Bouteflika », durant lesquelles ni lui ni son épouse n’ont désespéré de voir les jeunes Algériens sortir leur pays du cercle de ses tragédies successives et lui frayer une voie vers la lumière.

La disparition de Pierre Chaulet vient clore une longue militance exemplaire, entamée dans le syndicalisme étudiant, prolongée dans le mouvement indépendantiste et poursuivie dans la lutte pour une santé publique de qualité, en Algérie mais aussi ailleurs dans le monde, à travers son travail au sein de l’Organisation mondiale de la santé. Ce parcours, qui est en grande partie celui de Claudine Chaulet, est relaté dans un livre de mémoires à deux voix intitulé Le Choix de l’Algérie, deux voix, une mémoire (Barzakh Editions). La parution de cet ouvrage en 2012 a été pour Pierre Chaulet l’occasion d’ultimes contacts avec de nombreux Algériens, jeunes et moins jeunes, qui, souvent, ignoraient tout de sa contribution et de celle d’autres Européens d’Algérie à l’indépendance de leur pays.

L’Algérie se souviendra de Pierre Chaulet comme d’un homme de courage qui a échangé sa communauté contre son peuple, l’enfermement chauvin contre l’humanisme et donné un exemple universel de fraternité en participant à l’une des plus dures guerres de libération de l’Histoire.
Que son souvenir demeure vivant et que son parcours éclaire celui de ses frères, en Algérie et dans le monde.

Pierre Chaulet sera enterré
lundi 9 octobre
au cimetière chrétien d’El Madania (Alger)

Le rapatriement en Algérie de la dépouille mortelle de feu Pierre Chaulet aura lieu le 8 octobre par le vol Air Algérie de 16 heures. Une veillée funèbre aura lieu à son domicile à Hydra.

Le 9 octobre, à 10 heures du matin, une messe d’adieu à sa mémoire sera célébrée à la Maison diocésaine, à Alger, par Monseigneur Henri Teissier.

L’enterrement aura lieu le même jour, en milieu de journée, au cimetière chrétien d’El Madania.

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HOMMAGE À PIERRE CHAULET

DU CERCLE NEDJMA

Pierre Chaulet qui vient de nous quitter était un des esprits rarissimes qui a toute sa vie refusé de monnayer son engagement en privilèges et notamment durant la guerre de libération nationale.

Il restera pour nous un exemple car il a garanti jour après jour son intégrité non seulement en paroles mais aussi en actes.

En ce triste jour nous ne pouvons mieux honorer sa mémoire qu’en reproduisant cet épigraphe : « la révolution se transforme en son contraire si elle ne garantit pas pour tous le droit à la liberté, à l’égalité et à la dignité. »

Toutes nos condoléances à Claudine, à ses enfants et à sa famille.

Paris le 5 octobre 2012

Pour le cercle NEDJMA

Mohammed Harbi (Professeur d’histoire) ; Madjid Benchikh (Professeur de droit) ; Aïssa Kadri (Professeur de sociologie) ; Ahmed Dahmani (Maître de conférences en économie).

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DÉCÈS DE PIERRE CHAULET

UN HEROS

par K. Selim

Le Quotidien d’Oran, 6 octobre 2012

« Il est parti ce matin ». Un message bref à l’émotion contenue que l’ami a envoyé ce matin du 5 octobre pour annoncer le départ de Pierre Chaulet, le militant, l’acteur, le témoin, le médecin, le professeur. Et on a beau avoir été préparé, savoir qu’il a reçu depuis plusieurs jours l’extrême-onction et qu’il était entouré par les siens dans ces instants ultimes, ce départ bouleverse. Profondément.

Pierre Chaulet a été dans le sens le plus élevé et le plus complet du terme un homme universel, un héros. Un parcours extraordinaire qui a été un défi à tous les déterminismes sociaux, historiques et culturels. Dans notre histoire tourmentée et impitoyable, la plupart de ceux qui se sont engagés dans le combat l’ont fait parce qu’il n’y avait pas d’autre choix possible face à l’ordre colonial. Pour ceux-là, le combat anticolonial était dans l’ordre des choses. Il n’y avait pas d’options… Cela n’enlève rien ni à leur mérite ni à leur courage. Pierre Chaulet, lui, ne manquait pas d’options qui pouvaient lui permettre de préserver sa dignité et ses convictions sans emprunter des chemins abrupts, rudes et incertains. Il a choisi d’emprunter ces chemins de crête en homme libre. En juste, sans compromission. Et ce choix puissant demeure exemplaire. Car, justement, il n’était guidé par rien d’autre que par un attachement total à une haute idée de la justice et de l’humain.

Engagé, bien avant le début de la guerre de libération, dans le catholicisme social (syndicat ouvrier, scout), il est déjà un « indigné » devant le sort réservé aux plus faibles, aux plus pauvres. Il est déjà hors du groupe restreint, hors de la « communauté » et dans l’universel, dans l’humain. Il fait partie, aux côtés de Fanon et de bien d’autres, de ceux qui ont confirmé l’universalité du combat des Algériens. Et il a fallu, on le devine malgré une modestie non feinte qui ne s’étale pas sur la question, un courage héroïque pour que les convictions se traduisent, de manière conséquente, dans les actes, dans l’engagement, dans le combat. Il y a eu dans cette histoire algérienne beaucoup de couleuvres à avaler, de vicissitudes, voire des vilenies, mais elles n’ont jamais altéré chez lui la certitude que le choix de l’humanité qu’il a fait est supérieur à celui de la « communauté » ou de la « race ».

Ce « catholique pas très catholique » n’a jamais regretté son choix d’être du côté des humbles. Et il l’a poursuivi, après l’indépendance, par un patient travail dans le domaine de la santé publique. Le fait que l’Algérie d’aujourd’hui soit loin de correspondre aux attentes d’un des combats les plus durs n’y change rien. Le révisionnisme ne fait pas partie de la culture des justes. Pour l’honneur de l’humanité et pour le bonheur des Algériens et de leur histoire, des hommes comme Pierre Chaulet ont existé. Ils sont les témoins constants d’un rejet du repli sur soi, les défenseurs d’une vision généreuse, ouverte et fraternelle de l’Algérie. Son attachement à ces convictions l’a naturellement conduit au combat pour l’indépendance et à l’engagement résolu au sein du FLN historique. Il a choisi l’Algérie.

Une arabophone lui a écrit que malgré ses difficultés en langue française, elle lisait le livre le « choix de l’Algérie » comme s’il était écrit en arabe. Il lui a répondu, il y a quelques jours encore, que cela tenait probablement au fait que le livre et ses phrases « ont été pensés en Algérien ». C’est bien cela. Cet homme, en tant que médecin, professeur, journaliste et militant, a constamment pensé en « Algérien ». Il est bien un héros humain, de sensibilité et d’engagement. Celui que ses convictions arrachent au confort et aux identités assignées et poussent vers ces hautes terres où l’on prend tous les risques. Pour notre génération, celle des quinquagénaires qui ont l’âge de ses enfants, Pierre Chaulet fait partie de nos repères mentaux et éthiques. Et on n’arrive pas, comme c’est toujours le cas pour les héros authentiques, à en parler au passé. C’est comme le djebel Djurdjura, on ne le voit pas nécessairement de toutes les contrées du pays mais on le devine, là, solidement ancré dans la terre algérienne, à nous rappeler le meilleur de nos combats et à nous inciter à rejeter la fatalité et la résignation. A chercher le meilleur en nous. Honneur au juste.

Sources : Le Quotidien d’Oran, 6 octobre 2012

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Pierre Chaulet, l’Algérien

Ahmed Halfaoui
Les Débats - le 7 octobre 2012

Il y a les « Justes », ces Français qui ont bravé leur propre Etat, et il y a les autres, ces Algériens dont le statut colonial pouvait faire prêter à confusion de par leur extraction : Maurice Audin, Fernand Yveton, Henri Maillot, Annie Steiner, Raymonde Peschard, Danielle Minne et bien d’autres. Pierre Chaulet était de ceux-ci.

Dans sa détermination, très difficile pour l’époque, il aura mérité deux fois. La première fois en choisissant le camp des opprimés contre celui des oppresseurs, fussent-ils de sa propre communauté. La seconde fois d’être resté, jusqu’au bout, dans un pays qui ne lui reconnaissait pas la liberté d’être ce qu’il est, le droit à la différence.
Non pas qu’il fallait lui tresser des lauriers, qu’il n’a jamais demandés, mais en assurant à tous les enfants de l’Algérie de vivre en pleine lumière leur particularité socioculturelle.

Ainsi, quand certains d’ici et de là-bas travaillent, toute honte bue, à réhabiliter le colonialisme, à lui trouver des « bienfaits » et à renvoyer dos à dos la victime et le bourreau, la mort de ce militant de l’humanité réveille ce passé où les choix devaient se faire en fonction d’abord de la conscience que l’on a de la justice.

Chaulet et tous les Européens d’Algérie, qui ont rejoint le FLN et le peuple algérien – devenu leur peuple – dans leur lutte de libération nationale, ont montré la voie qui aurait pu tout changer dans la vie de ces centaines de milliers de pieds-noirs qui ont préféré croire que leur salut résidait dans le maintien de l’indigénat. Le mérite en est démultiplié.
Passant pour « traître », risquant sa vie, Pierre Chaulet a bravé l’injustice. Les camusiens auraient dû l’interroger à ce sujet et lui demander, par la même occasion, comment il a fait pour ne pas choisir « sa mère ». Ils auraient dû ensuite chercher à comprendre comment Chaulet, qui n’était pas un « petit-blanc », mais un médecin émancipé des contingences de la vie, a-t-il pu tout rompre, tout abandonner pour s’embarquer dans une aventure incertaine, qui aurait pu ne pas le concerner, sans que cela puisse offusquer quiconque.

À l’indépendance, quand l’exode a commencé pour ceux qui ont cru jusqu’au bout à « l’Algérie de papa », qui ont refusé de supporter que l’indigène sorte de son deuxième collège, Chaulet a rejoint un autre combat, celui de la construction d’un pays exsangue, après la destruction d’un système d’exploitation et d’oppression de millions d’êtres humains.

Il a mené la guerre contre la tuberculose qui ravageait les Algériens et l’a vaincue. On venait de dépasser la simple notion de justice et d’engagement politique et d’entrer dans celle d’accomplissement du devoir citoyen.
Il est bien d’en parler et beaucoup en ces temps lourds de révisionnisme, qui voit s’effriter les principes qui ont guidé et fait mourir et vaincre des femmes et des hommes contre la pire entreprise des temps modernes : le colonialisme.
Il est bien que l’engagement de Pierre Chaulet soit le plus connu possible, tant l’écriture de notre histoire a beaucoup plus obéi au moule réducteur et à la paranoïa identitaire qu’à l’objectivité et à la nécessité que les générations soient éduquées dans la connaissance objective.

Par Ahmed Halfaoui

Sources :

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Voir en ligne : http://maghrebemergent.info/actuali...

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