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Une petite collection – supplément Naqd – en librairies

“11 décembre 1960 - LE DIÊN BIÊN PHU POLITIQUE DE LA GUERRE D’ ALGÉRIE”

présenté par Limara B,dans LIBERTÉ - rubrique Culture (15-12-2010).

jeudi 16 décembre 2010


“11 décembre 1960 - LE DIÊN BIÊN PHU POLITIQUE DE LA GUERRE D’ ALGÉRIE” - Une petite collection – supplément Naqd – en librairies - présenté par Limara B,dans LIBERTÉ - rubrique Culture (15-12-2010).


IL Y A 50 ANS - TOURNANT DÉCISIF DANS LA GUERRE DE LIBÉRATION- MANIFESTATIONS DE DÉCEMBRE 1960 - INTERVIEW DE DAHO DJERBAL - EL-WATAN LE 10 DÉCEMBRE 2010 - DAHO DJERBAL, HISTORIEN ET DIRECTEUR DE LA REVUE NAQD : LE FLN A POLITISÉ LES MANIFESTATIONS.



La revue d’étude et critique sociale, Naqd, paraissant depuis bientôt vingt ans, vient de mettre au monde de la culture un supplément sous format de poche qui nous rappelle un peu la vieille collection Que sais-je ? des Presses universitaires de France (*).

Un nouveau-né qui vient éclairer un tant soit peu des pans de notre histoire nationale. Relevant ainsi le défi de fournir à la matière une adresse qui échappera pour une fois aux apprentis sorciers et aux nouveaux débarqués dans le domaine.
Pas moins de quatre éminents historiens dévoilent dans leur contexte, et non sans objectivité, les événements du 11-Décembre 1960. Regards croisés, vue de l’extérieur, de l’intérieur et en plein milieu, en acteur de la guerre.

L’éminent historien, Mohammed Harbi, avec la finesse qui lui est connue, s’étale sur les événements en les mettant dans leur contexte. Se souciant de l’objectivité, l’historien, ayant été lui-même acteur dans la guerre et donc témoin de choix, replonge dans la période pour parler des aspects psychologiques des uns et des autres ; le climat d’insécurité permanent de l’occupant “substituée à l’insécurité permanente de l’ALN qui ne peut rester présente plus de12 heures dans un même village”. Un climat de méfiance et de suspicion s’installe. “Si le peuple n’est pas pour la France, écrit Harbi, il faudrait être en revanche bien optimiste de soutenir qu’il est pour le GPRA.” C’est une réalité on ne peut plus triste qui aurait favorisé une stratégie militaire. De ce point de vue, le rebondissement populaire, comme la démonstration du 8-Mai 1945, redonnera espoir à certains et fil à retordre pour d’autres. “C’est la plèbe qui, les mains nues, a dit non en acclamant le nom de Ferhat Abbas et le GPRA” Une action qui émerge d’en bas sans mot d’ordre ?

Hartmut Elsenhans, professeur allemand des relations internationales, ayant à son actif des ouvrages de référence sur la guerre d’Algérie, nous livre l’impact des événements du mois de décembre dans les grandes villes et les prémices de l’indépendance de l’Algérie. “À partir de décembre 1960, la solution du problème algérien ne peut être obtenue que par les négociations d’égal à égal sur la base du repli de la France.” Dans des conditions d’une réalité politique internationale qui évolue, l’attitude de la France est sommée d’évoluer, même si “la grande majorité des forces politiques françaises rejette aussi l’indépendance pure et simple de l’Algérie et souhaite une solution intermédiaire”. Ainsi, comme le souligne le professeur allemand, “les manifestations de décembre 1960 constituent la victoire des nationalistes algériens sur le plan politique et constituent donc un véritable Diên Biên Phu de l’armée française dans la guerre d’Algérie”.

Encore une autre preuve que le peuple, même affaibli par une politique de paupérisation, reste debout. L’historien français des relations internationales, Maurice Vaisse, nous renvoie, quant à lui, à l’année 1960 où le général de Gaulle infléchit nettement sa politique dans une conjoncture où “la pression internationale se fait plus forte”, ce qui le conduira sans doute à “progresser” dans sa vision de l’Algérie allant jusqu’à “mettre un terme à la guerre d’Algérie”. Ce revirement, accompagné d’une visite de quatre jours (du 9 au 13 décembre 1960), s’est soldé par “96 morts et 370 blessés”, selon l’auteur de “Alger, le putsch”. Les tentatives du général n’auraient point d’appui. Vaincre militairement le FLN et l’isoler politiquement du peuple étaient un projet voué à l’échec. Ce même FLN, massivement appuyé par le peuple, a contraint l’administration française et, à sa tête de Gaulle, à lâcher à contre-courant des Européens d’Algérie et une partie de l’armée française qui ne veulent pas entendre le mot “indépendance”.

Le directeur de la revue Naqd, dans son introduction “Les effets des manifestations de décembre 1960 sur les maquis”, relate également les événements en les plaçant dans leur contexte, une manière de démystifier un discours qui s’éloigne, aujourd’hui, après quarante-neuf ans de son véritable objectif.

La petite collection Naqd, dans ce premier numéro, vient à temps pour ramener un autre son de cloche pour une véritable écriture de l’histoire, mais aussi et surtout un récit très riche et très bénéfique aux jeunes lecteurs ; une fiabilité même au moment où l’outil Internet et d’autres moyens lourds éjectent des informations parfois douteuses, voire erronées.

“Onze Décembre 1960, le Diên Biên Phu de la guerre d’Algérie,” une nouvelle petite collection Naqd de 150 pages à découvrir dans les librairies à partir d’aujourd’hui au prix de 150 DA, donc abordable pour les petites bourses. Une bonne idée de cadeau pour commémorer cet événement.

Limara B.

(*) : Cette version se veut ainsi un outil de travail et de préparation didactique, rigoureusement bien structuré pour faciliter la compréhension et l’apprentissage de l’histoire – domaine de spécialistes - à un large public.

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IL Y A 50 ANS - TOURNANT DÉCISIF DANS LA GUERRE DE LIBÉRATION
MANIFESTATIONS DE DÉCEMBRE 1960
INTERVIEW DE DAHO DJERBAL
EL-WATAN LE 10 DÉCEMBRE 2010.

DAHO DJERBAL
HISTORIEN ET DIRECTEUR DE LA REVUE NAQD :
LE FLN A POLITISÉ LES MANIFESTATIONS

Il y a 50 ans, le 11 décembre 1960, les Algériens manifestaient pour réaffirmer le principe de leur autodétermination contre la politique du général de Gaulle, visant à maintenir l’Algérie comme partie de la France dans l’idée d’une « Algérie algérienne ». La venue du président français, le 9 décembre 1960 à Aïn Témouchent, a provoqué les premières manifestations, politisées le 11 décembre par le FLN. Ce dernier en profite pour faire entendre à la communauté internationale qu’il est le représentant officiel du peuple algérien. Les manifestations durent une semaine. Alors que samedi, sortira un supplément de la revue Naqd sur cette date historique, El Watan Week-end revient sur un tournant décisif dans la guerre de libération.

Vous avez prévu un supplément de la revue Naqd pour les événements du 11 Décembre 1960…

Oui, c’est un supplément qui regroupe quelques contributions d’historiens de renom, des approches différentes du 11 Décembre 1960. On y retrouvera Mohammed Harbi « Significations et portée de décembre 1960 », Maurice Vaïsse « Décembre 1960 en Algérie vu du côté gouvernemental français », Hartmut Elsenhans « Les manifestations de Décembre 1960 et la reconnaissance de la Révolution algérienne », des documents d’archives. J’y ai aussi écrit un article relatif aux effets des manifestations de Décembre 1960 sur les maquis algériens

Pensez-vous que les jeunes Algériens soient conscients de la symbolique de cette date historique ?

Les jeunes Algériens ne sont pas informés, ni formés sur la symbolique, ni sur l’événement lui-même. Tout comme le 17 Octobre 1961 ou Juillet 1962. Il y a un problème de rupture de la transmission du savoir par l’école et par la tradition orale. En réalité, ces jeunes n’ont pas d’antériorité ni de postériorité, ils sont contemporains avec eux-mêmes.

Quel a été l’impact médiatique et diplomatique des manifestations du 11 Décembre 1960 ?

L’impact a été considérable. L’ensemble des médias lourds, la presse quotidienne et hebdomadaire internationale ont repris l’information. Ces événements constituent un tournant historique pour l’Algérie. Cela a confirmé la crédibilité du FLN et de l’ALN comme représentants de la nation et du peuple algérien. Les premières manifestations qui avaient commencé le 9 n’étaient pas encadrées par le FLN clandestin à l’époque (il avait été démantelé). Deux, trois jours plus tard, le FLN a politisé les manifestations. La communauté internationale avait compris que ce n’était pas le FLN ou l’ALN qui s’exprimait, mais toute la population algérienne, qui est devenue le peuple algérien au singulier.

Quels sont les effets liés directement à l’événement sur la guerre de libération ?

Au plan intérieur, les troupes françaises étaient partout, particulièrement dans les montagnes, emplacement de l’Armée de libération algérienne affaiblie par le plan Challe (série de grandes opérations menées par l’armée française de 1959 à 1961, ndlr). L’armée française avait donc repris le contrôle des maquis et avait une position dominante. Les manifestations ont obligé l’état-major français à décider de contrôler les villes, devenue une menace. Ce qui a redonné vie à l’ALN et lui a redonné des forces. Autre conséquence : le référendum du 8 janvier 1961, lorsque le général de Gaulle a demandé à la population de voter pour ou contre l’autodétermination. La France a fini par se convaincre que c’était le moment de se retirer d’Algérie, et surtout de sauver ses intérêts stratégiques en Algérie. Et bien sûr les négociations d’Evian au mois de mars 1961. Les Français ont accepté de négocier officiellement avec le FLN, et le GPRA plus tard. Enfin, conséquence sur le plan international : la reconnaissance du GPRA comme représentant du peuple algérien. Le tournant décisif ? Ce qu’on appelait avant « les populations algériennes » est devenu « le peuple algérien », acteur principal et à part entière de sa libération. Voilà pourquoi en juillet 1962, on a entendu des slogans comme : « Un seul héros, le peuple ».

Nina Selles

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Commentaires

benah le 11.12.10 | 06h18

que représentait le 11/12/1960 ?
à l’àge de treize ans,j’ai participé à cette manifestation comme tout le monde. De nos jours, je constate que c’était un geste médiatique qui a montré au monde entier que la seule alternative était l’indépendance.
Pour ceux qui veulent utiliser cet événement historique à des fin trabendistes, on a assez vu de mensonges depuis 1962 et que l’histoire vous contredira.

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Horreur du Vide le 10.12.10 | 22h31

Nous avons bien compris que.........
Le FLN de la libération n’est pas le FLN d’aujourd’hui. Je vois mal Belkhadem entrer dans l’Histoire au même titre que les Khider , Boudiaf, Ait Ahmed , Krim et autres grands .

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nedromi13 le 10.12.10 | 12h04

le 9 dec à Benisaf

Chaque année je suis étonné que vous ne parlez pas de la première manifestation qui a eu lieu cette période de décembre, chaque année vous rapportez tous à Alger, désolé mes frères mais la première manifestation reconnue a eu lieu à Bénisaf, le 09 décembre 1960, elle a été lancée secrètement par un monsieur qui à l’époque était haut responsable en poste à Bénisaf Monsieur Aboubekr Abdelladim, entreprenez des recherches sur cette personne, son dernier poste a été sous préfet a Tlemcen.


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Voir en ligne : http://www.liberte-algerie.com/edit...

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