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ASSOCIATIONS / RAJ DAHO DJERBAL ET ADEL ABDERREZAK SIGNALENT QUE LE TEMPS EST VENU DE PASSER DE LA LUTTE SYNDIC ALE À LA LUTTE CITOYENNE

lundi 27 avril 2015

Le collectif Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) a organisé, hier, une conférence-débat ayant pour thème

« Quels défis et quelles perspectives pour les mouvements sociaux en Algérie dans le contexte national et régional ? ».

La rencontre a permis à l’historien Daho Djerbal et à l’ancien porte-parole du Conseil national de l’enseignement supérieur (Cnes), Adel Abderrezak, enseignant à l’université actuellement, de croiser leurs regards sur les luttes politiques et sociales dans le pays.

Partant de la commémoration du 35ème anniversaire du printemps berbère, les deux universitaires et intellectuels ont passé en revue l’expérience syndicale en Algérie depuis l’indépendance jusqu’à nos jours.
Une évocation passionnante qui a permis de renouer avec le souvenir et l’héritage des luttes passées menées par les milieux ouvriers, estudiantins, féministes et associatifs depuis plus d’un demi-siècle.
Une rétrospective par ailleurs critique – au sens scientifique du terme – qui a permis aux deux intervenants d’aboutir à la conclusion selon laquelle « il est temps de passer d’une lutte syndicale à une lutte pour la citoyenneté ».
Selon eux, les formes de lutte anciennes sont arrivées au stade de dépassement et doivent être réactualisées par les acteurs sociaux et syndicaux, un basculement certes contraint – Daho Djerbal et Adel Abderrezak ont dénoncé le monopole des pouvoirs publics sur l’espace de l’expression en Algérie – mais nécessaire.
« L’activité syndicale reste prisonnière de la lutte salariale et corporatiste », ont-ils relevé, en citant l’exemple « des syndicats de l’éducation nationale », qui, selon eux, partagent les mêmes revendications avec des comportements revendicatifs différents.
Un élément clé qui, selon l’historien Daho Djerbal, explique en grande partie la disparition aujourd’hui de la solidarité ouvrière, en vigueur dans les années 1880 et 1990. « Durant cette période, on avait assisté à une certaine solidarité par défaut entre les syndicats pour contrer le monopole de l’Etat et faire face à la mouvance islamiste qui cherchait coûte que coûte à privilégier la grève insurrectionnelle » comme mode d’action et d’opération dans un contexte sociopolitique de grande crise.
La faillite de l’Etat, hier comme aujourd’hui, a permis l’apparition de nouvelles oligarchies qui détiennent le « monopole de la prise de décision » dans de nombreux secteurs économiques, tels le médicament et jusque dans la création de partis politiques et d’organes de presse.

« Ces oligarchies étouffent la liberté de se syndiquer au sein des entreprises et constituent une vraie menace pour les libertés syndicales en Algérie ». Pour Adel Abderrezak, « les espaces de réflexion critique sont rares, et s’ils existent, le passage à l’action de proximité ne sera pas permis », le pouvoir a d’un côté constitutionnalisé la libre expression, et d’un autre côté, il continue à maintenir la pression sur les organisations de la société civile.
Ces dernières années, le pouvoir a recouru à la création « des organisations clones » afin de barrer le chemin aux mouvements sociaux et de les sortir de cet activisme programmé. Un élément réapproprié pour assommer les mouvements populaires, souvent configurés par la culture et la pratique du mouvement ouvrier des années 80-90.

Pour étayer ses dires, ce dernier évoque les négociations entre les arouch et le gouvernement d’Ouyahia après les évènements tragiques qui ont secoué la Kabylie en 2001. Les raisons de la conjoncture de 2001 sont connues, « c’est la marginalisation, la répression et la torture, qui sont devenues des faits ordinaires qui caractérisent le système », mais « la singularité de cette colère s’inscrit dans la durée ». Ni les représentants du gouvernement ni ceux des arouch « n’ont pu matérialiser » les négociations, donc « on est dans la figuration par l’absence des figures emblématiques capables de mener leur action et d’assumer leur rôle », a-t-il expliqué
.
Pour Daho Djerbal, le pouvoir a fait en sorte que « la transmission de la culture et du savoir des syndicats ouvriers des années 1980 disparaisse de la scène afin de maintenir le monopole de l’Etat avec des pratiques modernes ». Selon ce dernier, le pouvoir, qui a constaté cette « maturation du mouvement ouvrier » durant cette période, a fait en sorte que « cette action ne se pérennise pas ».

Pour lui, le meilleur exemple de la lutte citoyenne est celui que mène actuellement la population d’In Salah. « Nous avons assisté ces derniers temps à une mobilisation importante des citoyens dans les localités du Sud » du pays pour défendre la ressource naturelle de la région.

Ce qui fait peur au pouvoir, ce « n’est pas la mobilisation en elle-même, mais le risque de l’apparition des sentiments sécessionnistes », une nouvelle conscience des gens de cette région qui se battent pour défendre leur territoire. Le pouvoir a « laissé faire », il a décidé d’aller vers l’application de l’approche participative, mais sur le terrain, rien. « Il n’y a aucune volonté de son application. »


Voir en ligne : http://www.reporters.dz/association...

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