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LA LEÇON DE DÉMOCRATIE : DISCOURS D’ALEXIS TSIPRAS AU PEUPLE GREC

dimanche 28 juin 2015

Le blog de Pierre Verhas
le 27 juin 2015

Dans la nuit de vendredi 26 juin à samedi 27, le Premier ministre grec a trouvé la meilleure solution pour sortir de l’impasse de négociations – chantage sur la dette grecque : le référendum.

Les « grands » de ce monde se gaussaient de ce jeune Premier ministre, de ce « gamin » qui rechignait à les suivre dans leur folie, qui n’acceptait pas la ruine de son pays et de son peuple au plus grand profit des grandes banques transnationales.

« Le gosse » leur a donné une leçon, une leçon de démocratie : Madame Lagarde, Monsieur Juncker, Monsieur Tusk, Madame Merkel, Monsieur Hollande, Monsieur Michel, Monsieur Rajoy, Monsieur Renzi, Monsieur Djijsselbloem, et tous les autres, la « récréation est vraiment finie ! » Le peuple grec décidera !

Il y a bien longtemps que l’on n’a plus entendu ce langage. Un référendum ! Un peuple qui choisit son destin ! C’est inconvenant, voyons ! Eh oui ! Mesdames et Messieurs, les bonnes habitudes ont un temps. Il faudra vous y faire.

Il est vrai que les référendums ne portent pas chance à l’Union européenne. Rappelez-vous 2005 et les « non » français et néerlandais au projet de traité constitutionnel, remis quatre ans après sur le tapis sous le nom de Traité de Lisbonne, ou technocratiquement parlant : TFUE, mais sans référendums, cette fois-ci. Rappelez-vous aussi que sous le calamiteux gouvernement grec de Papandréou qui avait eu une velléité de référendum vite oubliée après s’être copieusement fait enguirlander par Merkel et Sarkozy.

Ici, c’est autre chose : le référendum décidé par Alexis Tsipras fait partie de sa stratégie. Non – et il suffit de lire son discours – il n’est pas eurosceptique. Il parle même de « maison commune » remettant à l’ordre du jour le seul vrai projet de construction européenne : l’Europe de l’Atlantique à l’Oural d’un certain de Gaulle.

Et en remettant la démocratie dans le jeu, il offre enfin une boussole à l’Europe. Merci Alexis.

Pierre Verhas


Alexis Tsipras s’adresant au peuple grec dans la nuit de vendredi 26 à samedi 27 juin

Nous avons livré un combat dans des conditions d’asphyxie financière inouïes pour aboutir à un accord viable qui mènerait à terme le mandat que nous avons reçu du peuple. Or on nous a demandé d’appliquer les politiques mémorandaires comme l’avaient fait nos prédécesseurs. Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. L’objectif aujourd’hui est de mettre fin à la crise grecque de la dette publique. Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité.

La question qui sera posée au référendum dimanche prochain sera de savoir si nous acceptons ou rejetons la proposition des institutions européennes. Je demanderai une prolongation du programme de quelques jours afin que le peuple grec prenne sa décision.

Je vous invite à prendre cette décision souverainement et avec la fierté que nous enseigne l’histoire de la Grèce. La Grèce, qui a vu naître la démocratie, doit envoyer un message de démocratie retentissant. Je m’engage à en respecter le résultat quel qu’il soit. La Grèce est et restera une partie indissoluble de l’Europe. Mais une Europe sans démocratie est une Europe qui a perdu sa boussole. L’Europe est la maison commune de nos peuples, une maison qui n’a ni propriétaires ni locataires. La Grèce est une partie indissoluble de l’Europe, et je vous invite toutes et tous à prendre, dans un même élan national, les décisions qui concernent notre peuple.

(Traduction:Vassiliki Papadaki)


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