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CONFÉRENCE CONTRE L’ INGÉRENCE : "SUR LA PREMIÈRE LIGNE DE DÉFENSE CONTRE LA BARBARIE"

intervention de M.Bouhamidi et éditorial du Quotidien d’Oran de K. Selim

mardi 13 décembre 2011

Le constat et l’analyse de Bouhamidi sont pénétrants. Ils mettent en relation à juste titre les multiples données de la grave menace qui pèse sur les peuples de notre région.

Reste évidemment à tous, qu’ils soient citoyens, militants ou en charge de responsabilités institutionnelles, d’approfondir les moyens autonomes de mieux sensibiliser, unir et mobiliser à travers les actions et initiatives les plus opportunes, en faisant reculer motifs d’incompréhensions, de divisions et dispersions.

C’est le sens de l’éditorial du Quotidien d’Oran d 13 décembre titré : "Constat lourd, réponse légère," qui insiste sur l’importane de la lutte pour la démocratisation radicale de la vie politique (http://www.lequotidien-oran.com/?news=5161611)


"SUR LA PREMIÈRE LIGNE DE DÉFENSE CONTRE LA BARBARIE" - Conférence contre l’ingérence - intervention de M. Bouhamidi


“CONSTAT LOURD, RÉPONSE LÉGÈRE” - par K. Selim - éditorial du Quotiodien d’Oran - le 13 décembre 2011


Madame la Présidente et camarade secrétaire du Parti des travailleurs, Frère Secrétaire Général de l’UGTA, mesdames et messieurs les membres du bureau, Camarades et frères et sœurs de cette honorable assemblée,

Il ne fait pas de doute que cette conférence répond à une urgence remarquée d’une mobilisation des forces populaires pour s’opposer aux suites de cette série ininterrompue de guerres d’agression depuis l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, le remodelage de la Yougoslavie ou les conflits entretenus partout en Afrique.

Nous devons réfléchir à la solitude de l’état national libyen dans sa résistance à un coup d’état multinational, aujourd’hui avéré avec l’aveu de l’infiltration de 5000 membres des forces spéciales qataries sans compter celles des pays européens. Aussi bien sur les terres européennes que dans notre propre pays nous avons constaté les immenses difficultés des anticolonialistes et des anti-impérialistes à mobiliser les opinons contre cette guerre d’agression et de reconquête coloniale. Les mêmes qui ont toujours menti pour les guerres précédentes ont pu mentir avec encore plus de succès pour la Libye et mentent avec encore plus de facilité pour la Syrie.

Partout ces guerres d’agression visent la destruction de l’état national.

Partout elles s’attaquent à l’idée de souveraineté sur les richesses. Elles minent la conscience nationale et tentent de lui substituer des identités passéistes ethniques ou religieuses qui préparent la partition du pays comme au Soudan ou affaiblissent suffisamment le sentiment d’unité nationale pour entretenir les germes de la division et de la guerre permanente. C’est cela le plus grand crime des puissances de l’OTAN.
Comme à la première époque des conquêtes coloniales, elles s’appuient sur des forces indigènes en utilisant tous les moyens pour les entraîner dans une guerre civile qui camoufle leur guerre de conquête tout en la facilitant. Ces puissances provoquent sciemment ces guerres civiles comme le démontre amplement le refus de négociations en Libye et en Syrie. Elles savent que ces guerres civiles laissent des blessures et des rancunes encore plus profondes dans nos sociétés tribales et claniques. Elles connaissent la sauvagerie et la cruauté des guerres civiles et entendent tirer profit de leurs conséquences pour ruiner durablement, dans les faits, toute idée de réconciliation et de reconstruction. Nous avons affaire à un système froidement criminel et habitué depuis longtemps à planifier l’agression et la destruction. Ce trait à lui seul confirme à quel point l’impérialisme est devenu un concentré absolu de la barbarie.

passivité dans les opinions publiques


À chaque menace de guerre quelques grands dirigeants appellent à la raison et dénoncent l’horreur et les destructions promises. Pourtant jamais un guerre d’agression comme celle de l’OTAN contre la Libye n’ a été menée contre la Libye n’a bénéficié d’autant de passivité dans les opinions publiques ou autant d’indifférence. Nous sommes très loin des millions qui ont condamné l’agression contre l’Irak. Ce phénomène est préoccupant. et Il doit être une préoccupation prioritaire car la bataille de l’opinion publique est celle que les agresseurs mènent avec un le plus de soin et avec des moyens et des méthodes les plus sophistiquées. Face à cette hégémonie et à cette suprématie des moyens nous ne pouvons plus nous contenter des moyens traditionnels de mobilisation par les syndicats et les associations.

D’abord les délocalisations

en Europe et la désertification industrielle dans notre pays en particulier et dans les pays arabes en général ont amoindri la part des ouvriers et du secteur productif industriel qui donnaient une base sociale à l’aspiration anti-impérialiste.

Ensuite le matraquage quotidien des médias devenus des organes diversifiés d’une propagande unique

ont réussi à faire croire que le capitalisme est encore capable de progrès.et d’un visage humain C’est à cette illusion répandue dans nos élites que les anticolonialistes doivent s’attaquer avec encore plus de courage au vu de la disproportion des moyens. Le capitalisme financier et l’ultra libéralisme qui poussent aux guerres de reconquête coloniale ne porte pas la régression et la barbarie que pour nos peuples du Tiers Monde.

La crise économique

qui les frappe se traduit déjà par moins d’emplois, moins de soins, moins d’école, moins de culture et plus de précarité pour les peuples européens. La perspective qui leur est aujourd’hui imposée est celle du retour aux situations de l’esclavage industriel. Les cercles dominants des néoconservateurs aux socio-démocrates poussent les opinions européennes vers la xénophobie, l’islamophobie mais aussi vers la haine et le mépris des peuples du sud de l’Europe, les grecs en particulier, assimilés à des métèques paresseux et dépensiers. L’extension du racisme est une donnée de cette régression vers les âges obscurs des croisades, vers des idéologies de la haine de l’homme pour l’homme et de la croyance fasciste de la supériorité d’une race d’hommes sur d’autres races d’hommes. Tous les ingrédients du fascisme sont réunis et d’abord l’hégémonie et l’uniformité du vocabulaire de la propagande mensongère et de la pensée unique sur l’ensemble de la sphère de la communication sociale.

Depuis longtemps les puissances impérialistes redoutent la jonction des révoltes sociales de l’Europe avec les résistances populaires multiformes dans les pays du Sud à la domination néocoloniale.

Il n’y aura d’issue ni de chance de succès pour les révoltes sociales ni pour les résistances anticoloniales sans le renversement des tendances actuelles et sans le retour au renforcement des solidarités anti-impérialistes des unes et des autres.

La guerre faite à la Libye a été la manche africaine de la guerre impériale qui se prépare principalement contre la Chine et secondairement contre la Russie. La subversion financée et organisée par le Qatar et les USA en Syrie représente la deuxième manche, celle de l’encerclement asiatique. Tout indique que la Russie et la Chine n’entendent plus se laisser faire. Les dangers d’une guerre mondiale grossissent et Israël fera tout son possible pour la précipiter. Arrêter les menées criminelles en Syrie et autour de l’Iran, devient des nécessités vitales pour épargner à l’humanité les risuqes d’une destruction sans précédent.

Le seul programme des puissances de l’OTAN est de sauver le capitalisme arrivé au paroxysme de son stade impérialiste.

Il n’a nul autre programme que de maintenir la situation actuelle. Elles ne peuvent le faire qu’en détruisant et en détruisant encore les infrastructures et les richesses chèrement payées par nos peuples pour essayer de sauver les taux de profits et soumettre les peuples, tous les peuples de la planète, à la seule logique des banques et du profit. Détruire signifie d’abord démolir les états nationaux mais les détruire surtout en tant qu’état-nations et réaliser un des buts sionistes déclarés de ne laisser dans le Maghreb et dans le Moyen Orient que des micro-états créés sur des bases ethniques ou religieuses, en guerre permanente entre eux et en demande permanente de tutelle étrangère.

Certains pensent qu’en faisant des concessions aux pays de l’OTAN ils peuvent sauver nos pays d’une attaque destructrice. L’OTAN attaquera quand même sous toutes les formes déclarées ou souterraines dans les quelles elle excelle depuis les décennies de la guerre froide et de la subversion généralisée contre les états nés des luttes pour l’indépendance. Son but est de détruire radicalement les résultats des guerres de libération. Dans cette confrontation souterraine avec la Chine et pour le maintien du statuquo l’OTAN doit remodeler toutes les frontières. Il faut prendre au mot les déclarations des dirigeants U.S. Prendre au mot Condy Rice quand elle parlait de chaos créateur et prendre au sérieux la candidate Hillary Clinton qui parlait de renvoyer l’Iran à l’âge de pierre.

Le capitalisme dans ses formes de développement impérialiste qu’il a connu en Occident ne peut plus rien produire de positif. Il ne peut que détruire et nous renvoyer à des âges que nous avions dépassés avec tant de difficultés et de sacrifices. C’est ce qui me fait dire avec beaucoup d’autres que nous sommes, aujourd’hui dans cette conférence, à notre poste, sur la première ligne de défense de l’ensemble de l’humanité contre la barbarie de l’ordre impérialiste.

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CONSTAT LOURD, RÉPONSE LÉGÈRE

par K. Selim

Face à l’ingérence et au risque d’intervention étrangère, créons un « comité permanent de veille ». C’est ce qu’a proposé la dirigeante du Parti des travailleurs. L’intention est louable, d’autant qu’il faudrait être aveugle pour affirmer que ces risques relèvent d’une théorie du complot. Les relations internationales sont faites d’ingérences, de guerres de position, de périodes de calme relatif ponctué d’exacerbations guerrières durant les moments de crise.

Si l’on ne prend pas en compte cette réalité internationale, on serait enclins à ne voir dans l’histoire du monde et des relations entre les Etats et les peuples qu’une succession de complots. Il ne faut pas faire preuve de naïveté sur les intentions démocratiques à géométrie variable proclamées par les dirigeants occidentaux. Le système capitaliste connaît une crise compliquée et cela donne un contexte où les tentations bellicistes trouvent des fenêtres d’opportunités.

On peut donc être d’accord sur le constat dérivant de saines lectures de la dirigeante du PT. On est beaucoup moins enthousiastes pour ses conclusions qui, c’est une évidence, paraissent bien insuffisantes par rapport au constat fait et à sa gravité. Un « comité de veille permanent », cela ressemble fort à une réponse bureaucratique à un très lourd problème politique. Et au demeurant, on peut rétorquer que ce « comité de veille permanent » est déjà assuré par l’Etat et ses structures sécuritaires et de renseignement. Un comité de plus n’y changerait rien. Et encore moins s’il s’agit de créer une sorte de tuteurs super-patriotes qui diraient la bonne parole en mettant en avant les risques potentiels et en occultant le fond des problèmes qui les rendent effectifs.

Les mots doivent cesser d’être vaseux et léonins. En temps de paix comme en temps troubles, le seul comité de veille effectif, efficace et dissuasif est celui de la démocratie. Des choix de politiques économiques et de politique étrangère soutenus par une adhésion populaire librement exprimée, c’est cela qui donne naissance au seul comité de veille et de vigilance qui vaille. Les récents évènements dans la région sont venus confirmer que l’intégrité du territoire et la souveraineté ne sont pas défendues par des élites illégitimes pratiquant l’arbitraire. Bien entendu, on peut continuer à faire des discours alarmistes à foison sur les intentions des puissances étrangères de chercher à casser et à dépecer les nations. Ce ne sera qu’un discours de plus si on refuse de poser les bonnes questions et en termes politiques rationnels.

Ce qui fait la faiblesse des Etats, ce sont moins les actions éventuelles des services étrangers que la nature du lien qu’ils ont avec leurs populations. A moins d’être aveugle, le vrai problème qui se pose est l’existence, après un demi-siècle de dictatures et d’autoritarismes postindépendance, d’une disponibilité chez des pans entiers des populations à accepter une intervention étrangère. Les dictatures ont brisé ce « comité de veille » inné au sein des sociétés, qui a semblé aller de soi après les luttes pour l’indépendance. On constate aujourd’hui qu’il est, lui aussi, soluble dans la dictature, la gabegie et l’autoritarisme.

Il y a bien longtemps que le constat a été fait que la défense de l’indépendance et de la souveraineté est liée à la démocratie et à la citoyenneté. Et il ne faut pas cultiver l’équivoque. C’est en termes de politique nationale et de démocratie qu’il faut traiter la question du risque d’ingérence.

K. Selim

Sources : Editorial du Quotidien d’Oran
le 13 décembre 2011

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