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L’EGYPTE ENTRE RÉFORME ET RÉVOLUTION

Hocine Belalloufi - le 29 Novembre 2011

mardi 3 janvier 2012

Extrait d’un article de Hocine Bellaloufi
consultable sur le site de
“La Nation” (hebdomadaire)
le 27 décembre 2011

La tenue d’élections législatives en pleine révolte populaire suite à l’assassinat de 42 civils par les forces de police illustre la situation actuelle où le peuple et les forces politiques semblent hésiter entre réforme et révolution... .../...

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Forces et faiblesses du camp de la révolution

Le camp révolutionnaire a conscience que le pouvoir n’entend pas instaurer la démocratie. Aussi tente-t-il de mobiliser la population pour contraindre le CSFA à laisser la place à un gouvernement civil qui organiserait lui-même la transition.

Doté d’un grand courage, d’une détermination sans faille, généreux dans l’effort et prêt à se sacrifier, les militants de ce camp ont conquis le respect de la population et de toutes les forces politiques : le régime comme les islamistes. Ce camp se compose de mouvements de jeunesse dynamiques (étudiants, bloggeurs…) qui ont joué un rôle de tout premier plan pour pousser Moubarak vers la porte de sortie. Il peut également s’appuyer sur les nombreuses luttes sociales qui essaiment le pays : enseignants, employés des transports publics et de la poste, ouvriers des secteurs publics et privés…

Un profond processus d’organisation à l’œuvre au niveau de toutes les professions accompagne ce grand mouvement de luttes. Des syndicats autonomes (on en compte plus de 140) parmi les couches moyennes (avocats, enseignants, médecins, pharmaciens…), les travailleurs (ouvriers, du textile en particulier, employés) voient le jour et se coordonnent à l’instar de l’Union des syndicats indépendants.
Le mouvement syndical ouvrier rompt ainsi avec la pesante et étouffante tutelle de la très officielle Union des ouvriers d’Egypte qui a été dissoute cet été. De même que le mouvement syndical des couches moyennes tend à s’émanciper de l’hégémonie qu’y exerçaient jusqu’à présent les Frères musulmans.

Le camp révolutionnaire comporte également une myriade de partis et de mouvements qui semblent seuls en mesure de rassembler musulmans et coptes que le régime travaille à diviser et que les islamistes n’arrivent pas à unir.

Mais ce camp présente encore de grandes faiblesses objectives et subjectives. Ainsi, au stade embryonnaire de construction auquel la plupart d’entre eux sont parvenus, les nouveaux syndicats autonomes peuvent difficilement avancer des revendications à la fois économiques et politiques, sectorielles et d’ensemble, locales et nationales. Trop fragiles, ils risqueraient d’éclater ou de se couper de leur base. Ils ne peuvent avancer plus vite que la musique et rencontrent des difficultés objectives bien compréhensibles à faire coïncider les rythmes propres de leur construction aux rythmes de la construction d’une alternative politique pour sortir le pays de la crise. Ils sont contraints de prendre en considération cette inégalité des luttes économiques et des luttes politiques. Comme ils doivent respecter les différences entre les processus de radicalisation syndicale et les processus de radicalisation politique. Tout volontarisme en la matière ne peut mener qu’à la catastrophe.

Des partis de gauche, nationalistes, démocrates… s’activent à soutenir ces syndicats, à les aider à se coordonner et à dépasser le stade corporatiste de leur existence. Mais il s’agit là d’un travail de longue haleine qui s’avère d’autant plus difficile que ces partis sont eux-mêmes atomisés, morcelés et divisés. Tous ces éléments entravent la capacité de ce camp à adopter une unité tactique. Or, l’unité tactique s’avère décisive en période révolutionnaire où la moindre faute politique, la moindre erreur et la moindre hésitation se paient cher et comptant.

Une autre difficulté à laquelle ce camp est confronté réside dans la faiblesse de ses moyens matériels et financiers, comparé aux islamistes et au régime.

Enfin, si le camp révolutionnaire arrive quelques fois à impliquer les Frères musulmans dans certaines actions, il ne peut durablement et sérieusement compter sur la confrérie qui n’hésite pas à l’abandonner pour un accord avec le CSFA. Les Frères musulmans ne constituent pas, pour l’instant, un allié fiable. De même dispose-t-il certainement de la sympathie d’une partie des militaires, des officiers et même de policiers dont une organisation s’intitule d’ailleurs « Officiers mais intègres ». Mais la crise révolutionnaire en Egypte n’a pas encore atteint un stade et une décantation suffisants pour amener la majorité des militaires à rompre avec l’ancienne direction corrompue et compromise par sa participation au régime et à basculer du côté du peuple.

Le renversement de Moubarak a ouvert une dynamique révolutionnaire. Cela ne signifie pas que la population soit toujours sur la brèche, toujours à l’offensive et qu’elle se radicalise et s’organise de façon linéaire. Le processus est forcément inégal et erratique. Il avance, stagne, recule puis repart pour s’arrêter. Le camp de la révolution est donc handicapé par le fait qu’il est celui que le régime de dictature a le plus entravé et qu’il a un grand retard à rattraper sur ses concurrents.
Mais la route est longue et ce camp apprendra, apprend déjà, en avançant.

... pour accéder à l’article complet, cliquer sur le lien (...)


Voir en ligne : http://www.lanation.info/L-Egypte-e...

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