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SITUATION AU MALI ET SAHEL AFRICAIN

jeudi 13 décembre 2012

Conférence de la Fondation Gabriel Péri

Extrait du bulletin LRI spécial Mali Sahel

Intervention de Jacques Fath [1]
à la Conférence sur les processus de militarisation
dans l’espace Sahélo-Saharien
et la crise au Mali

Cycle de séminaires organisé par la Fondation Gabriel Péri et le Réseau des partenaires de la région de Kidal

le 11 décembre 2012

extraits

.../... Le Mali a été mis en cause dans la maîtrise de son territoire, dans sa continuité institutionnelle. On observe qu’au Mali, comme dans d’autres pays, comme dans les pays arabes, les causes essentielles de la crise touchent au triple échec historique du développement, de la souveraineté et de la démocratie. Elles touchent à l’essentiel qui constitue les missions régaliennes, la cohérence sociale et la viabilité d’un État. C’est une crise de l’État parce que la contradiction devient beaucoup trop forte entre, d’une part, le vécu, les réalités sociales, les attentes populaires, et, d’autre part, les politiques mises en œuvre par des Etats vulnérables et dépendants, sous la contrainte d’institutions financières internationales (FMI) et de puissances extérieures. La cause politique première de la déstabilisation dans ses différentes dimensions se trouve d’abord là. Et il n’y a certainement pas de réponse sécuritaire et militaire qui puisse apporter une solution durable et véritable.

Les crises au Mali et en Libye, les crises en Afghanistan, en Irak, en Somalie montrent les limites et les impasses des politiques de force militarisées.
Chacune de ces crises s’est traduite, à des degrés divers, par une déstabilisation régionale, une destructuration politique et sociale, une exacerbation des contradictions et des problèmes posés, et même des échecs stratégiques pour les puissances occidentales. On voit bien que les logiques de guerre conduisent à des résultats désastreux.
Les autorités françaises, dans cette crise malienne, ne pourront pas masquer les risques et les carences politiques liées à leur choix militaire en poussant à l’Europe de la défense comme Jean-Yves Le Drian l’a fait à plusieurs reprises. Dans Le Figaro Magazine du 7 décembre il déclare : « L’Union européenne, par la voix de Catherine Ashton, a présenté un concept de gestion de crise le 19 novembre dernier. Ce projet répond tant à l’urgence qu’à l’enjeu de la situation au Mali. C’est un pas historique que franchit l’Europe. »
En fait de pas historique, le Conseil Affaires étrangères de l’UE du 19 novembre a décidé la mise en place d’une mission militaire s’inscrivant dans la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) pour appuyer la réorganisation et l’entrainement des forces armées maliennes. Ce projet, plutôt modeste, prévoit la mobilisation de 250 formateurs (sous protection de 150 autres militaires) pour l’entrainement durant 6 mois de 4 bataillons de 650 soldats maliens. Au cours de ce Conseil Affaires étrangères du 19 novembre, Guido Westerwelle, chef de la diplomatie allemande, a souligné que c’est l’approche politique qui doit être mise au centre du dispositif, et non les moyens militaires.
On retrouve ici les contradictions entre Etats membres, leur rapport, dépendant mais différencié, à l’OTAN et aux Etats-Unis, dans une crise de la construction européenne qui atteint la crédibilité même du rôle de l’Union européenne.

On voit en effet à quel point l’effondrement malien et la crise sahélienne interrogent les politiques de l’Union européenne, notamment le partenariat euro-méditerranéen et le rapport de l’Union aux pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Cette crise sahélienne sanctionne l’échec de ces politiques européennes incapables de répondre aux exigences du développement surtout dans leurs dérives néo-libérales depuis le début des années 2000.
La crise malienne et sahélienne devrait donc permettre d’ouvrir un débat sur la construction européenne et son rapport au Sud, mais aussi, plus généralement, sur les conditions d’une véritable sécurité pour les peuples et pour les États, sur la vision du monde et des relations internationales qui devraient s’imposer aujourd’hui pour faire face aux immenses problèmes posés.
Cette crise traduit, en effet, des problèmes si profonds, des vulnérabilités si aiguës, que les stratégies de réponses doivent nécessairement toucher aux causes systémiques et fondamentales, aux stratégies de domination elles-mêmes. La grande question posée est celle du mode de développement et de coopération, du besoin d’un nouvel ordre international.

pour lire l’intervention en entier, cliquer sur le lien (...)



[1Membre du Comité exécutif national du PCF - Responsable des relations internationales

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