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LES HARRAGAS - POÈME

lundi 4 mai 2015

Ils ont plongé tous corps tendus

Par les désespoirs et les misères vécus,
Dans l’eau glacée de la Méditerranée,
Mille vœux humains dans leurs cœurs.


Ils ont affronté des brises et des houles violentes,

Soufflant de toutes parts et contre tous.
Ils appréhendaient ces nuits profondes à la fin incertaine,
Qui devaient les mener vers leurs espérances.


Ils avaient préparé leurs aventures meurtrières

Des mois et peut-être des années durant,
Soumis aux diktats financiers et de calendriers
De gangs maffieux des traversées vers l’inconnu.


Ils viennent de partout,

De ces contrées proches et lointaines,
De l’Afrique berceau de l’humanité,
De l’Orient d’où fusaient jadis les lumières.


Ils sont surtout jeunes, pensant la vie et le monde devant eux,

Désespérés de l’inconscience des maîtres de leurs pays,
Jusqu’à perdre toute raison,
Puisque la raison n’irrigue pas les neurones de ces maîtres.


Ils ont rasé les murs à longueur de journée,

Arpentant rues et quartiers de leurs villages ou de leurs villes,
Certains avec leurs diplômes, d’autres sans ,
Pour retrouver sommeil, la nuit noircie, dans les dortoirs familiaux.


Ils avaient honte de leurs âges mûrissant,

Se sentant exclus, en marge de la société,
Après avoir épuisé tous les ressorts de leur patience,
Victimes d’un État inconscient de son rapport à la nation.


Ils devaient avoir droit à l’impatience,

Impatients qu’ils étaient d’éclater la vie,
De la vivre avec les fibres de leur temps,
Avec l’amour de leurs pays et des leurs.


Ils ont ouvert les yeux sur et dans un monde effervescent,

Un village global formaté par une digitalisation planétaire,
Un monde produisant richesses pour une infime minorité
Et pauvreté, précarité, exclusion pour l’écrasante majorité.


Ils étaient attirés par le mirage des pays du Ponant,

Les masques de leur opulence cachant sa réelle nature,
Pensant trouver ce qu’ils souhaitaient avoir dans leurs pays,
Les voies du savoir, de la liberté et du travail pour eux et leurs enfants.


Ils ont fini, pour certains, par être engloutis ou rejetés par la mer,

Beaucoup ont franchi, non sans souffrances, les frontières
Demandant un droit d’asile qu’ils ne sont pas assurés de recevoir,
D’autres ont plongé dans une clandestinité de tous les dangers.


Avril 2015

Mahi Ahmed

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