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Deux interventions, deux constats convergents

L’ALGÉRIE ET SES LANGUES : GUERRE OU INTERACTIONS CRÉATIVES ?

B.TAZAGHARTH à Baghdad (colloque international) et A.DOURARI à Alger

jeudi 8 juillet 2010

Ces deux interventions, remarquables de profondeur, font le point de l’évolution des questions linguistiques en rapport avec le contexte politique depuis l’occupation coloniale à nos jours.
Les deux convergent dans le constat d’une évolution inéluctable en accord avec le socle réel de la société, rebelle aux injonctions administratives et répressives et progressant malgré les obstacles vers un paysage culturel verdoyant en lieu et place du désert ou des stériles plantations artificielles et sectaires vainement imposées par le haut.
On est loin de l’époque où cette perspective culturelle rassembleuse et féconde de l’algérianité était diabolisée, lorsqu’elle fut exprimée dans la brochure collective de "Idir El Watani" lors de la crise du PPA en 1949.
Elle portait le titre "Vive l’Algérie" (en sous titre L’Algérie libre vivra").

Symboliquement, l’Algérie des jeunes de 2010 a tranché ce procès (après la percée du printemps berbère de 1980) quand par centaines de milliers ils s’écriaient sans complexe :"One , two, three, viva l’Algérie !", langage reçu et compris cinq sur cinq d’un bout à l’autre du pays.
Restant dans l’anecdote, remarquons l’immense travail de mixage linguistique à travers les siècles, lorsque les mouvements amazigh brandissaient des slogans comme " Nebgha nehfedh tamazight di lakkoul" ou encore "oulach esmah, oulach", mots d’ordre dans lesquels un seul mot était d’extraction ou "pure souche" amazigh.
Problèmes linguistiques complexes, mais faisons confiance pour les résoudre au lent et long travail de la société sur elle même, surtout quand il est relayé par des efforts académiques lucides et des visions politiques unitaires et clairvoyantes.



Abderezak Dourari à ALGERIE NEWS, le 4 Juillet 2010

« La langue arabe scolaire a été imposée comme une vision conservatrice du moment »

Professeur de l’enseignement
supérieur en sciences du langage à
l’Université d’Alger, docteur d’Etat
en linguistique et directeur du
Centre national pédagogique et
linguistique pour l’enseignement
de tamazight, Arezki Dourari a bien
voulu nous accorder cet entretien.

Algérie News : Peut-on aujourd’hui parler
de malaise linguistique en Algérie ?

Arezki Dourari : Oui. Maintenant, plus
que jamais. L’arabisation idéologique, qui
passait pour une décision patriotique de
récupération de l’identité nationale face au
colonialisme ou plus exactement, en raison
de la proximité du fait colonial, est vue
aujourd’hui comme une persistance dans
l’erreur car sans avoir amélioré sa maîtrise
en l’imposant de manière volontariste et
irréfléchie, on a détruit nos compétences
linguistiques dans la langue française, langue
d’accès au savoir scientifique mondial
et de l’ouverture sur la pensée universelle
moderne, grâce à laquelle le combat contre
le colonialisme français a été mené. On
s’est rendus compte que la langue arabe
scolaire a été imposée comme une vision
conservatrice du monde et qu’ elle-même a
subi une ablation de sa dimension rationaliste
dans sa diffusion, comme le soutient
d’ailleurs Sadeq al-Adhama ou Hussein
Murruwa, entre autres, penseurs arabes et
arabisants…

L’introduction de tamazight à l’école ne
s’est pas non plus faite de manière cohérente
et ne dispose pas de moyens afin de
se normaliser contrairement aux institutions
chargées de la langue arabe scolaire,
l’autre langue nationale, en Algérie et dans
le reste du monde arabe et islamique.

L’arabe possède en Algérie une académie,
un conseil supérieur et un centre de
recherche sous tutelle du MESRS et des
départements universitaires nombreux
dans toutes les universités algériennes…
Par ailleurs, le tamazight ne possède que le
HCA dont le poste de commissaire est
vacant depuis le décès de son chef, il y a
plusieurs années et un centre sous tutelle
du MEN où la recherche est institutionnellement
impossible, et dont le SG a démissionné
faute de logement à Alger et qui, en
plus, patauge dans les problèmes bureaucratiques
de tout genre, avec deux départements
universitaires à Tizi Ouzou et
Béjaïa…
La société sait très bien que ce
n’est pas avec la langue arabe scolaire ou
classique…qu’on peut acquérir le savoir
scientifique non produit et non traduit
dans cette langue -savoir qui change à un
rythme infernal- mais l’Etat continue à
l’imposer…

La société sait très bien que l’arabe scolaire
n’est pas sa langue maternelle au sens
strict du terme, mais on continue à vouloir
le lui imposer comme tel…tout en stigmatisant
sa véritable langue maternelle,
l’arabe algérien et les variétés de tamazight ! Le fait étatique et institutionnel est tellement
prégnant qu’il est déstabilisant pour
la personne et son psychisme ! Si avec cela,
on n’est pas dans le malaise, c’est qu’on est
très forts !

La complexité linguistique caractérisée
particulièrement par la tradition orale,
n’est-elle pas derrière le désintérêt de
l’Algérien au livre, à la lecture...?

Pas du tout. S’il est vrai que les conditions
sociales, culturelles et politiques de
l’Algérien sont trop pesantes sur l’esprit
pour que celui-ci trouve un plaisir aux
choses de l’art et de la littérature, il n’en
demeure pas moins que l’écriture est considérée
comme prestigieuse dans notre
société. L’acquisition du savoir scientifique
par l’écriture est tout aussi prestigieuse.
Sauf que les méthodes d’enseignement de
l’arabe scolaire, caractérisées par un
contenu conservateur religieux des plus
archaïques, entièrement coupé de la tradition
rationnelle arabe, qui fut la langue
d’une grande et brillante civilisation, qui a
dominé les deux tiers du monde à ses
moments d’ascendance, a enseigné aussi le
mépris de la lecture des humanités y compris
l’humanisme arabe classique…

Mais les choses sont différentes pour le
français, qui prend en charge la formation
à une tradition et une sociologie de la lecture
et qui, pour cette raison, maintient
encore un lectorat non atteint de la phobie
de la lecture. On trouve d’ailleurs, beaucoup
d’écrivains algériens arabisants, qui
se sont convertis « quel effort ! » à l’écriture
en français pour cette raison principalement.

Vous, en tant que linguiste,
quel diagnostic faites-vous de
notre rapport en tant
qu’Algériens aux langues, aux
dialectes...?

L’Algérien aime les langues,
mais vivant sous l’oppression
d’un climat culturel pauvre,
suffocant, et sentant le renfermé,
représenté notamment
et bruyamment par l’unique chaîne de télévision
et des institutions scientifiques et
culturelles désuètes et presque incultes… il
s’est habitué un peu au moindre effort et
au confort de l’ignorance et de l’arrogance,
qui en découlent logiquement.
Mais nos compatriotes qui voyagent apprennent les
langues étrangères qui leur servent… ils
aiment leur langue algérienne y compris
tamazight… c’est à l’étranger qu’ils découvrent
leur algérianité linguistique et culturelle
véritable en se comparant aux autres !
Ils découvrent aussi leur maghrébinité, il
suffit pour cela de se remémorer le match
Algérie-Égypte et les retentissements qu’il a
eu au sein de l’émigration et au Maghréb
pour s’en convaincre…
Chez eux, par contre, ils vivent dans le culturellement et
linguistiquement faux, leur langue est stigmatisée
par le discours institutionnel…
d’où le malaise encore une fois !

C’est vrai que la langue telle qu’elle est
parlée, n’est pas une constance. Mais
aujourd’hui, on assiste à une « effervescence » linguistique, qui fait que nous
arrivons à une sorte de divorce et du
coup, nous créons dans les milieux
urbains en l’occurrence, cette langue
bizarrement « teintée » d’une dose d’arabe,
un peu de français et une « pincée » de
kabyle...?

Les locuteurs ne sont pas des machines
programmables, par des politiques. Ils
vivent dans leur espace territorial et mental
en préconisant les comportements les plus
économiques et les plus adaptés à la situation
vécue du moment. Le métissage est
une constante dans la nature et dans la culture
et nos parlers maghrébins sont métissés
de berbère, de phénicien, d’arabe, de
français, de turc, d’iranien… comme l’a
montré l’intellectuel algérien Mohamed
Bencheneb, il y a de cela deux siècles.
L’arabe classique, celui du Coran, est tout
aussi métissé que les langues d’aujourd’hui,
car il s’adressait à des gens qui
parlaient et comprenaient une langue
métissée…
Aucune pureté chez l’humanité,
ni langue, ni race, ni culture, tout est
changeant y compris les moeurs les plus
assurées et hégémoniques à un moment
donné de l’histoire.
Cette langue « bizarrement
teintée », c’est notre langue, et elle
n’est pas bizarre, elle est comme la langue
anglaise, qui compterait quelque soixante
pour cent de son lexique emprunté au
français et à d’autres langues germaniques…
le français est aussi bizarrement
teinté que l’arabe algérien et classique, de
grec, de latin… Le maltais aussi, le russe…

La normalisation dans tous les domaines
ne peut-être sourde à la réalité du terrain
et à la volonté des citoyens.
Les règles doivent être raisonnables pour qu’on leur
obéisse, alors comment voulez-vous qu’un
conducteur puisse obéir à la limitation de
vitesse à 80 km/h, sur la totalité du réseau
autoroutier et routier algérien, vitesse du
nouveau conducteur en principe, généralisée
à tous les conducteurs !
Comment voulez-vous que tous les Algériens puissent
parler sur la totalité du territoire de deux
millions et demi de kilomètres carrés la
même langue, tamazight ou arabe, dans
leurs relations quotidiennes ?

Sommes-nous dans un « marché » linguistique
vierge, qui connaîtra tôt ou tard un
essor ?

La virginité comme la pureté sont, en
tout, des idéologies ou des utopies. Le marché
linguistique algérien est actuellement
plein et structuré ; ce sont les institutions
qui ne veulent pas le reconnaître comme tel
et pensent pouvoir par volontarisme et
autoritarisme le changer à leur guise. La
tentative malheureuse de substituer l’arabe
scolaire au français dans le domaine formel
a conduit à une véritable catastrophe dont
on a parlé plus haut. Comme a été malheureuse
la tentative de substituer ce même
arabe aux variétés de tamazight et à l’arabe
algérien dans les autres domaines…L’arabe
scolaire a sa place en Algérie au plan affectif
et au plan intellectuel et culturel… il
faut absolument qu’il soit maîtrisé par tous
et ressoudé avec son patrimoine intellectuel
et philosophique rationnel ; avec la
création artistique, avec l’humanisme et
avec la modernité de manière générale. Les
variétés algériennes berbères ou arabes
doivent pouvoir jouir d’un statut de langues
nationales de large communication
sociale et d’intégration nationale, culturelle
et identitaire par la communauté, de
moyen de communication autochtone que
sont les variétés de tamazight et d’arabe
algérien, qui est maghrébin aussi…

Entretien réalisé par Hamida Mechaï

pour accéder à l’article original, cliquer ici (...)


BAGHDAD : 1er COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA TRADUCTION

Du 29 juin au 01 juillet 2010

Traduction en français de l’intervention de Brahim Tazaghart, Poète et traducteur - Algérie

C’était un rêve que de présenter une conférence sur la langue amazigh dans une ville d’Orient, rêve dont j’imaginais la réalisation à une très lointaine échéance. Votre invitation est venue m’ouvrir grandes les portes pour entrer en Orient par la plus prestigieuse et la plus ancienne de ses capitales : Baghdad de l’histoire, de l’actualité et de l’avenir radieux.

Merci à l’ami poète Mounaim El fakkir, merci pour la maison El Mamoun de traduction et d’édition, merci à la direction des relations culturelles auprès du ministère de la culture, merci au ministère de la culture pour l’excellence de l’accueil.

Hier encore, nous nous adressions à l’Occident au sujet de ces questions qui nous concernent avant quiconque ; et nous voici à Baghdad, ville de civilisation, pour ouvrir le débat en Orient, et avec l’Orient, et traiter de la question du pluralisme linguistique à travers une expérience personnelle d’un poète.

Je ne suis pas un théoricien de la traduction, mais uniquement un poète et traducteur de poésies qui me plaisent et que j’aime,.
C’est à ce titre que je viens aujourd’hui devant vous pour vous parler de ma modeste expérience dans le domaine de la traduction, mais aussi des raisons profondes qui m’ont poussé vers cette aventure littéraire et des objectifs qui lui sont assignés.

Je suis issu d’un peuple aussi ancien que cette terre accueillante qui a donné à ses enfants tout ce que l’homme peut souhaiter, un peuple qui se dit Amazigh - nom qui signifie « homme libre »- et qui a occupé un vaste territoire allant des oasis de Siwa en Egypte aux Iles Canaries en Atlantique. Une position entre l’orient et l’occident, entre flux et reflux, souvent payée de sa sécurité et sa liberté.

En dehors de l’utilisation domestique de son ancien alphabet « Tifinagh » (l’alphabet amazigh), mon peuple n’a pas utilisé sa langue pour produire une pensée écrite et élaborée ou, si l’on veut, pour la production d’une pensée instituante.

Ses élites culturelles et politiques ont souvent écrit, des siècles durant, dans d’autres langues à l’image de Saint Augustin, l’auteur de L’Âne d’Or Apulée de Madaure, le romancier Kateb Yacine et d’autres encore à l’instar de Tahar Djaout.

Sont utilisés aujourd’hui en Algérie trois langues : le Tamazight, l’Arabe et le Français. Les deux premières sont langues nationales tandis que la troisième est langue étrangère.

Si le Français est présent dans l’administration, l’économie, et d’autres secteurs comme les mass médias, si la langue arabe a retrouvé son statut de langue nationale et officielle à l’indépendance en 1962 après la plus grande guerre de libération que le monde a connu, tamazight a vécu, sous le règne du parti unique, des moments d’extrême difficulté, avant que l’Etat ne s’en occupe, graduellement, ces derniers temps.

30 années après le soulèvement du printemps amazigh du 20 avril 1980, soulèvement qui avait posé le problème de l’identité nationale dans le cadre de l’exigence des libertés démocratiques et des droits de l’homme, tamazight est reconnue comme langue nationale lors de la révision constitutionnelle de l’année 2002. Elle dispose d’un enseignement universitaire qui remonte à 1990 avec la création des instituts de langue et de culture amazighe. Elle est enseignée dans les écoles primaires, dans les collèges et les lycées, surtout dans les régions amazighophones, et, à leur tête la Kabylie, les Aurès, .les Mzabs, Chenoua et les Touareg.

L’école a produit depuis le passage à la voie démocratique en 1988, des lecteurs et des écrivains qui ont permis à la société, essentiellement d’expression amazigh, de passer de l’étape de la transmission exclusivement orale au monde de l’écriture et de la transcription.

L’écriture nous a ouvert les portes de l’édition qui, de son coté, nous a permis de nous lancer dans la traduction, la découverte de l’autre et le dialogue avec lui, en toute intelligence, dans le cadre du respect des intérêts respectifs et de l’échange mutuellement profitable.

Beaucoup d’expériences ont réussi dans ce domaine, essentiellement celle du poète et grand homme du théâtre Mohend U Yehia, dit Mohia, qui a traduit et adapté vers tamazight les œuvres de Samuel Beckett, Bertolt Brecht, Molière et autres grands écrivains. Aussi, il a été procédé à la publication de la traduction des sens du saint Coran accompli par le docteur Kamal Nait Zerrad, sans oublier les traductions de tamazight vers l’arabe que réalise le docteur Mhemed Djellaoui.

La marginalisation des langues et leur privation de leurs droits institutionnels au développement constitue l’un des piliers des systèmes totalitaires fondés sur l’expropriation et l’exclusion.

L’exclusion est en même temps un produit de ces systèmes et, à un certain niveau, un obstacle permanent aussi bien à la circulation saine et pacifique des idées qu’à une coexistence fertile entre les langues et les cultures.

Cette conception est malheureusement encore présente dans quelques écrits et déclarations politiques qui tentent désespérément d’entraver la marche vers une coexistence intelligente entre les humains. Une conception fondée sur une perception imaginative du réel et le refus de considérer la réalité palpable qui se réalise chaque jour sous leurs yeux aveuglés.

Nous avons longtemps souffert, comme usagers de la langue Tamazight, de cette volonté de réduire notre langue jusqu’à disparition, sous prétexte que l’unicité linguistique est seule à même d’exprimer notre personnalité et de permettre la construction d’un Etat fort et cohérent.

Cette situation vécue dans la douleur a crée un fort sentiment de pessimisme, d’injustice et d’exclusion. Nous travaillons aujourd’hui à créer les conditions du dépassement de ce sentiment négatif et destructeur, ainsi qu’à réduire son influence dans un monde où quelques unes de ses élites culturelles et politiques s’efforcent de pousser vers les confrontations d’ordre ethnique et religieux.

L’humanité fait actuellement face au danger de l’homme renfermé, replié sur soi et refusant l’autre. Le refus de l’autre conduit à chercher son élimination et sa disparition par le moyen de la violence et de la destruction.

C’est là un danger de l’époque à prendre sérieusement en compte. Le pluralisme linguistique dans nos pays réclame une gestion démocratique sincère qui enrichit tout le monde sans appauvrir personne.

de la traduction de l’Arabe vers Tamazight.

J’arrive ainsi aux motivations de ma traduction à partir de l’Arabe vers Tamazight.

Avant de rencontrer mon amie la poétesse Maram Al-Masri, à l’occasion d’un festival international de poésie tenu du 04 au 08 juin 2006 à Alger, en hommage au grand poète et moudjahid Djamal Amrani, j’avais en tête de traduire les meilleurs textes de la poésie Arabe vers Tamazight. Cette idée me tient toujours à cœur et j’ai associé ces derniers temps des poètes maitrisant les deux langues afin de la concrétiser. En plus d’être poète et traducteur, je dirige la maison d’édition Tira. « Tira » veut dire écriture en Tamazight.

De la rencontre avec Maram Al-Masri s’est dégagé le projet de traduire son recueil de poésie « Karaza Hamra Ala Ballat Abyedh » ( Cerise rouge sur carrelage blanc) édité en mars 2008.

Après plusieurs lectures du recueil de poésie, j’ai décidé de garder la construction formelle des textes et la traduction de chaque vers par un vers équivalent. Je peux dire que la traduction a été jusqu’à un certain point littérale. Je ne voulais pas que le sens prenne le pas sur la structure des poèmes. C’est que la poésie Amazighe continue, dans sa majorité, à être conforme aux structures traditionnelles où la rime trône. La présentation de poésies libres dans une langue aussi poétique que la langue Arabe est en mesure d’appuyer les efforts tendant à délier la poésie Amazighe des pesanteurs de l’oralité, sachant que la rime est un moyen facilitant la mémorisation.

Aussi, les caractéristiques de la poésie de Maram Al-Masri sont l’austérité sur le plan rhétorique, et l’absence de figures de style ampoulé. De plus, sa poésie plonge dans la profondeur de l’intimité humaine au point de perturber le lecteur. Ceci m’a aussi encouragé à réaliser cette traduction.

Enfin, j’ai assigné trois objectifs essentiels à cette traduction :

  • La langue Tamazight qui sortait d’une situation critique, caractérisée par une négation juridique et institutionnelle préjudiciable, a besoin de contacts féconds avec d’autres langues pour se ressourcer et se renouveler. Je pense que toute traduction est, d’une certaine façon, une appropriation par la langue d’arrivée des atouts de la langue de départ.
  • Faire rencontrer, dans un livre de poésie ou autre, la langue Arabe et la langue Tamazight, est un moyen d’enrichissement de la culture nationale et un facteur stratégique de renforcement de la culture démocratique qui nous permettra d’accéder et d’assumer toutes les dimensions de notre personnalité sans déni ni exclusion aucun.
  • Œuvrer à asseoir la communication et le dialogue que permet la traduction qui, à son tour, rend possible la culture de la paix et de la non violence en vue de se consacrer à la formation des raisons du bonheur et d’une vie de dignité.

Merci de votre bon suivi et de votre attentive écoute.

Baghdad, Salle de conférence de l’Hôtel El-Mansour, le 01 juillet 2010.

Brahim Tazaghart
Poète et traducteur
Algérie

Pour accéder au texte de la communication de B. Tazaghart (texte en arabe) se référer à la brève : AMAZIGHITÉ à BAGHDAD, cliquer ici (...)

ou à sa traduction en français (texte repris ci-dessus) directement de la brève : BAGHDAD : 1er COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA TRADUCTION, en cliquant ici (...)

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SOCIALGERIE a approché à plusieurs reprises les problèmes suscités par l’évolution politique algérienne autour des questions de langue ou des langues algériennes.

Le lecteur peut se référer entre autres aux deux articles du site : [1]


[1ces deux articles avaient été extraits d’un ouvrage (non publié) de Sadek Hadjerès :
« LE POLITIQUE ET LA "GUERRE" DES LANGUES », écrit en 1996, toujours non publié

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