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"MAGHREB DES FILMS 2011" - PARIS - 16 au 25 OCTOBRE 2011

10 LETTRES D’INFORMATION

mercredi 5 octobre 2011

10 LETTRES D’INFORMATION POUR PRÉSENTER LE PROGRAMME DU MAGHREB DES FILMS 2011

Dans cet article sont reprise les lettres d’information au fur et à mesure de leurs réceptions

10 lettres : Avant-premières en ouverture et en clôture ; Inédits ; Spécial Tunisie ; Hommage à Selma baccar ; Hommage à Nacer Khemir ; Célébration et hommage aux victimes du massacre du 17 octobre 1961 ; Hommage à Izza Genini ; Hommage à Moumen Smihi ; Vues du Web ; Le Maghreb des films en banlieue parisienne et en province

dates : du 16 au 25 octobre
à Paris
Les 3 Luxembourg
Forum des images
Institut du Monde Arabe

et à partir du 16 octobre
en banlieue parisienne et en province


LETTRE DU 3 OCTOBRE


Le Maghreb des films en banlieue parisienne et en province

Le Maghreb des films 2011 Banlieue parisienne et province

programme et grille horaire

Les dates

À partir du 21 septembre, sur un ou plusieurs jours, dans un réseau de salles en banlieue parisienne et en province

Le réseau de salles

25 salles en banlieue parisienne et en province. Voir réseau de salles.

La programmation

Les salles de la banlieue parisienne et de province choisissent dans le programme établi par le Maghreb des films (projeté dans sa totalité à Paris), les films correspondant à leur public en tenant compte de leurs contraintes et en ajoutent selon leurs orientations.
L’édition 2011 a deux particularités. En raison des événements majeurs survenus dans le monde arabe, une part importante du programme porte sur la « Révolution de Jasmin » en Tunisie et le « Printemps arabe ». Une autre porte sur la commémoration du cinquantième anniversaire du massacre du 17 octobre 1961.


LETTRE DU 30 SEPTEMBRE

La Révolution de Jasmin

Qui êtes-vous ?
Nous sommes la Jeunesse du Jasmin, celle qui n’a connu que la dictature, la peur, celle qu’on a bâillonné, qu’on a empêché de s’exprimer.
Mais nous avons brisé le silence, nos voix ont fait tomber 23 ans de répression et aujourd’hui, il est temps pour nous de faire entendre notre voix, une voix nouvelle.
Dans quelques années, il nous appartiendra de perpétuer cette liberté et de la consolider. Et ce futur il nous faut le bâtir dès maintenant.
Nous ne laisserons pas, comme pendant le printemps de Prague, notre liberté se faner et nous ne retomberons plus jamais dans le piège du silence, quoiqu’il advienne dans le futur.
Nous nous attacherons ainsi, à parler, parler de tout ce qui nous touche, de tout ce qui nous révolte, de tout ce qui nous plait.
Nous voulons donner au Tunisien ce qu’il mérite : une alternative (aussi insignifiante soit elle) à notre presse crasseuse et nos médias déconnectés.
Alors ici, nous traiterons de notre Société tunisienne telle que nous la percevons, de la vie politique de notre pays mais aussi de la culture et plus particulièrement des livres.
Un blogueur Mars 2011

Le Maghreb des films célèbre la révolution en cours en Tunisie à Paris, en banlieue parisienne et en province.

À Paris
La grille horaire sera prochainement disponible sur le site.

Extraits de Digage ! Digage !
de Mohamed Zran
(en séance d’ouverture, à l’auditorium de l’Institut du Monde Arabe)

De Sidi Bouzid, ville de Mohamed Bouazizi au sud, jusqu’à la place du gouvernement à Tunis au nord, le film donne la parole aux Tunisiens qu’on ne voit jamais à la télé et dans les médias, ceux qui n’ont jamais eu le droit d’être écoutés et considérés depuis des décennies.
Chaque fragment d’image qui défile exprime le mot d’ordre de la révolution : « Digage ! Digage ! Digage ! ».

Le film est en cours de montage.

Les deux documentaires de Selma Baccar
Solidarité à Tataouine (15’)
La Bataille de Dhibat (12’)

Tournés à la frontière entre la Tunisie et la Libye, c’est un vibrant témoignage de reconnaissance et de fraternité de la part des réfugiés libyens en faveur de leurs hôtes tunisiens.

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et aussi, des films prémonitoires

“Echec et mat”
de Rachid Ferchiou
(1994 - 107’)
film interdit en Tunisie .

Le président Salim est en visite officielle dans un pays voisin quand il apprend qu’un coup d’Etat l’a destitué.
Avec sa femme Yasmine et son aide de camp Saïd, il se réfugie dans une forteresse, dans un pays éloigné où les rejoint son fils Mehdi accompagné de Maya, une amie.
Il s’aperçoit rapidement qu’aux yeux de son entourage il n’est plus qu’un pantin sans pouvoir.

le court métrage “Loi 76
de Mohamed Ben Attia
(2011 - 12’ )

Une loi peut-elle remettre en question tout un système et provoquer à elle seule le chaos ?
Les témoignages de 4 personnages nous font découvrir les répercussions de cette nouvelle loi sur leurs vies respectives.

cette fable
“L’Héritage du menuisier”
de Mohamed Ben Smaïl
(2010 - 20’)

Une femme revient après 15 années d’exil dans la ferme familiale abandonnée. Elle y découvre des urnes en bois construites par son grand-père et une lettre où il lui dit qu’il les a envoyées à tous les pays arabes pour aider à établir une démocratie.

En banlieue parisienne et en province
Voir les horaires sur la page Le Maghreb des films 2011 : banlieue parisienne et province

“Plus jamais peur”
(72’)
de Mourad Ben Cheikh

Malade de sa Tunisie, un personnage lance la réplique du film : Cette révolution tunisienne n’est pas le fruit de la misère, mais plutôt le cri de désespoir d’une génération de diplômés. Ce n’est, ni la révolution du pain, ni celle du jasmin... Le jasmin ne sied pas aux morts, il ne sied pas aux martyrs. Cette révolution est celle du dévouement d’un peuple... Plus jamais on n’aura peur pour cette nouvelle Tunisie !
Mourad Ben Cheikh

Laïcité Inch’Allah
(72’)
de Nadia El Fani

Un documentaire débuté 3 mois avant la révolution tunisienne... et rattrapé par l’histoire. Un film sur la tolérance, un appel pacifique à la possibilité pour chacun et chacune de choisir et d’exprimer librement ses opinions, ses croyances, sa manière de vivre. Et si pour une fois, par la volonté du peuple, un pays musulman optait pour une constitution laïque ? Alors, les Tunisiens auraient vraiment fait la Révolution.


LETTRE DU 25 SEPTEMBRE 2011


Spécial Tunisie : HOMMAGE À SELMA BACCAR

Peu connue, en France, Selma Baccar est une des pionnières du nouveau cinéma tunisien, au même titre que Nouri Bouzid à qui LE MAGHREB DES FILMS avait consacré sa première rétrospective.
La femme tunisienne est au cœur de son œuvre, de ses grandes figures historiques et artistiques jusqu’aux plus humbles.
Avec, comme constante, la foi en son émancipation, que ce soit du mariage forcé ou de la maternité non souhaitée, mais aussi la certitude de son talent, de son intelligence et de sa capacité à faire bouger une société depuis trop longtemps figée.

« Fatma 75 »
(1976 - 60’)

Fatma, étudiante, doit présenter un exposé à l’université. Cet exposé nous permettra de plonger dans l’histoire ancienne pour faire revivre les femmes célèbres de l’histoire tunisienne et les grandes figures de l’indépendance berbère.
Trois générations de femmes et trois manières de prise de conscience sont relatées dans ce film :

  • La période 1930-1938, qui trouve son aboutissement dans la création de l’Union des Femmes Tunisiennes.
  • La période 1938-1952, qui montre le rapport entre la lutte des femmes et la lutte nationale pour l’indépendance.
  • La période d’après 1956 et jusqu’à nos jours, avec les acquis de la femme tunisienne en ce qui concerne le Code du Statut Personnel.

Avec ce film tourné en 1976, Salma Baccar devient la première femme réalisatrice d’un long métrage de fiction en Tunisie .

« La Danse du feu »
(1995 - 120’)

Femme libre et artiste aux multiples talents, Habiba M’sika fut l’une des plus brillantes étoiles de son époque, les années vingt.
Inspiré de la vie réelle de l’artiste, le film évoque les trois dernières années à partir de 1927. Rythmée par les soubresauts d’une époque en pleine mutation, cette étape tumultueuse de la vie de Habiba M’sika est marquée au fer rouge de l’amour que lui vouent Mimouni, un riche propriétaire terrien et Chedly, un jeune poète de bonne famille.
À Berlin, au cours d’une tournée triomphale elle rencontre la star de la musique orientale, l’irakien Baghdadi, et s’initie à la vie parisienne avec Pierre, le dandy au charme trouble.
De retour à Tunis la vie de Habiba M’sika est emportée par le tourbillon frénétique du succès, des polémiques et des passions contrariées jusqu’à la tragédie finale de sa mort.

« Fleur d’oubli »
(2006 - 107’)

Dans la Tunisie des années quarante, une jeune fille romantique de la bourgeoisie tunisoise, Zakia, se trouve prise dans le piège d’un mariage arrangé avec un homme dont elle va très vite découvrir l’homosexualité. Suite à un accouchement douloureux, elle devient dépendante du khochkhach (pavot), une plante que sa mère lui administra pour calmer ses douleurs post-natales.
C’est le début d’une descente vers l’enfer qui l’amène dans un asile d’aliénés où elle va reprendre goût à la vie et à l’amour.

2 documentaires sur la Libye (2011) :

« La Bataille de Dhiba »
(2011 – 12’)

« Solidarité à Tataouine »
(2011 – 15’)

Témoignages émouvant sur la solidarité entre la population tunisienne et les réfugiés libyens.


LETTRE DU 19 SEPTEMBRE 2011


6 séances en hommage à Izza Genini

Incroyable richesse et diversité de la musique marocaine, qui va des Berbères aux Gnaouas en passant par les Soufis, les Andalous, la Aïta des Cheikhates, le chant sépharade, etc.

Izza Genini s’est consacrée à mettre en valeur par le film le patrimoine musical marocain.
Née en 1960 à Casablanca, elle suit ses parents qui émigrent en France pour rejoindre leurs autres enfants partis quelques années auparavant. À Paris commence une nouvelle vie pour cette famille mais Izza la petite dernière décidera un jour de redécouvrir le Maroc qu’elle a laissé derrière elle. Naîtra alors une collection de films qui mettent en exergue tout l’intérêt qu’elle lui porte.

Son intérêt pour la musique du groupe musical marocain Nass El Ghiwane, l’amène à encourager Ahmed El Maânouni à en filmer les concerts. Cela donnera Transes , en 1981, film emblématique dont Martin Scorsese dit qu’il a influencé son travail, pour « La Dernière Tentation du Christ ».
“Un soir, vers 2 heures ou 3 heures du matin commence à la télévision un film intitulé “Transes”. Ils l’ont passé plusieurs fois. J’ai tout de suite été fasciné par la musique, mais aussi par la façon dont était conçu ce documentaire. En plus d’avoir un effet particulier sur le public, il s’agissait d’un véritable portrait sur le Maroc. Elle devient une source d’inspiration pour mon film suivant La Dernière Tentation du Christ”, dixit Martin Scorcese lui-même.

Depuis, Izza Genini, devenue productrice et réalisatrice, a tourné une douzaine de films, composant un véritable itinéraire musical qu’elle résume pour Le Maghreb des films en 6 séances :

Soirée d’ouverture
« Transes »
de Ahmed El Maanouni
produit par Izza Génini (1981 - 90’)

Dès les années 70, le Maroc a connu, grâce à cinq musiciens formés à l’école de la rue et décidés à rompre avec les "langueurs orientales" envahissantes, une explosion musicale qui devait être pour les jeunes le cri de leurs désirs, de leurs frustrations et de leur révolte.
L’itinéraire géographique et culturel de ce groupe, Nass El Ghiwane. À travers leurs chansons, le film aborde les thèmes sociaux traditionnels (le thé ou l’échange, le feu ou la souffrance, l’eau ou la sécheresse des cœurs), mais aussi les grandes questions contemporaines (le temps, l’histoire, le rire, l’espoir).

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Maroc en musiques : du Nord au Sud
« Des Luths et délices » (1988 - 26’)

Nord du Maroc, la ville de Tétouan surnommée "Fille de Grenade". Abdelsadek Chekara et son orchestre y interprètent le répertoire classique des noubas, suites musicales aux accents de flamenco héritées de l’Andalousie si proche. Tétouan perpétue le souvenir de l’Age d’Or qui fut celui de l’Espagne tolérante où chrétiens, juifs et musulmans vivaient dans la convivialité exprimée en particulier par la musique.
Abdelsadek Chekara innove en jetant un pont entre la musique classique, le flamenco et le chaabi, la musique populaire.

« Aïta »
(1988 - 26’)

Interprétée par les cheikhate, (des musiciennes itinérantes), la aïta est le cri qui devient chant, chant qui devient appel : appel à la mémoire, appel à témoin de la douleur, appel au dépassement de soi, la aïta est aussi un cri d’amour et d’espérance. Face à l’océan Atlantique, au sud d’El Jadida, le Moussem de Moulay Abdallah est le lieu d’expression idéal de la aïta.
Fatna Bent El Hocine, une des cheikhates les plus célèbres du pays, s’y produit chaque année avec sa troupe Oulad Aguida pour le bonheur des cavaliers de la fantasia et celui d’un public passionné.

« Rythmes de Marrakech »
(1988 - 26’)

À Marrakech, les tambourineurs de la deqqa dirigés par le mythique « Baba », les femmes percussionnistes des houara, les musiciennes de aïta et les mwazniya, violonistes-danseurs, participent tous au tempo de la ville.

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Maroc en musiques : du côté de l’Atlas _ « Vibrations en Haut-Atlas »
(2004 - 26’)

Dans le Haut Atlas, une piste conduit à la vallée de Aït Bouguemez.
La musique est l’émanation naturelle et spontanée de cet univers primordial : les chants des femmes en polyphonie aigüe, en youyous ou en ritournelles accompagnent chacune de leurs actions. La flûte et le tambourin sont les seuls instruments que les hommes pratiquent, en particulier lorsque le soir venu les villageois se retrouvent pour danser Adersi, la danse qui rappelle la ronde cosmique.

« Nuptiales en Haut-Atlas »
(2004 - 26’)

Dans le Moyen Atlas, autour de Khénifra, les tribus Zayane et Ichker se réunissent pour la représentation de la noce mythique de Asli et Taslit, le Fiancé et le Fiancée, devant les immenses tentes berbères au rythme des dizaines de bendirs.

« Malhoune »
(1989 - 26’)

Le malhoune signifie "poésie dialectale chantée".
À Meknès, Hajj Houceine Toulali, maître incontesté de ce genre musical nous révèle les subtilités de cette langue millénaire et savoureuse.

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Maroc en musiques : musiques sacrées
« Louanges »
(19888 -26’)

Entre Volubilis et Meknès, le sanctuaire de Moulay Idriss Ier est le théâtre d’un des plus importants pèlerinages du Maroc. Pendant huit jours, au son des tambours et des hautbois, confréries soufi et simples pèlerins défilent sur des rythmes lancinants, en quête de bénédictions et de transes libératrices.

« Cantiques Brodés »
(1989 -26’)

La rencontre exceptionnelle à Paris des deux maîtres de musique arabo-andalouse, le rabbin Haïm Louk et maître Abdelsadek Chekara, montre à l’évidence comment juifs et musulmans marocains ont préservé avec ferveur les trésors de leur patrimoine musical commun. Hérité de l’Andalousie à son Âge d’Or, le matruz justifie les entrelacs d’une "broderie".

« Chants pour un shabbat »
(1989 - 26’)

Réunis à Paris, autour du rabbin Haïm Louk, les cantors Malkiel Benamara, Albert Bouadanah, Gad Benchabat, Elie Tordjman et Salomon Nahmias, tous originaires du Maroc, entonnent des chants sacrés du Shabbat et ceux des bakkachot .

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Maroc en musiques : tambours battant « Gnaouas » (1993 - 25’)

L’Afrique Noire coule dans les veines du Maroc.
Esclaves arrivés dès le XVème siècle avec l’or du Soudan Occidental, les Gnaouas ont formé des confréries qui pratiquent encore des rituels de possession et d’exorcisme. Au cours de la lila (la nuit), les chants en bambara, le rythme du guembri, le crépitement des crotales métalliques et le battement sourd du tambour appellent les mlouks, les génies bienveillants, pour accompagner le danseur au sommet de sa transe.

« Tambours battant »
(1999 - 52’)

« Les tambours emplissaient l’espace. Il y en avait des ronds, des plats, des ventrus... Il y en avait de minuscules et d’énormes comme ceux des musiciens qui venaient virevolter sous nos fenêtres à Casablanca... » Izza Génini se souvient et s’interroge sur la place mystérieuse que tient la musique dans sa relation à un être, à son monde d’origine ...

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Soirée de clôture
« Nûba d’or et de lumière »
(2007 - 80’)

L’histoire d’une musique. La musique arabo-andalouse dont la nûba serait la symphonie...
À l’image d’un arbre musical, ses branches sont nourries d’une sève qui, depuis 14 siècles, monte des confins marocains et des courants venus de Bagdad, grandit dans les cours des califes andalous, se fortifie dans l’Espagne médiévale, se mêle au chant des trouvères et des sépharades, puis replantée au Maghreb, s’épanouit au Maroc sous le nom de Ala.


LETTRE DU 16 SEPTEMBRE

Célébration et hommage aux victimes du massacre du 17 octobre 1961

En partenariat avec l’association “Au Nom de la Mémoire”

Les évènements d’octobre 61, à Paris, sont comme un écho à ceux qui se déroulent aujourd’hui, dans les pays du Maghreb et dans le « monde arabe ». Ils appartiennent à la même Histoire. Leur cinquantenaire sera l’occasion d’un colloque et de la programmation la plus exhaustive des films existants, qu’ils soient de fiction ou documentaires.

Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Tu as vu notre sang coulé
Tu as vu la police
Assommer les manifestants
Et les jeter dans la Seine
La Seine rougissante
N’a pas cessé les jours suivants
De vomir à la face
Du peuple de la Commune
Ces corps martyrisés
Qui rappelaient aux Parisiens
Leurs propres révolutions
Leur propre résistance
Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Et maintenant vas-tu parler ?
Et maintenant vas-tu te taire ?

Kateb Yacine
« Dans la gueule du loup » dans 17 octobre 1961. Mémoire d’une communauté, éditions Actualités de l’Immigration, Amicale des Algériens en Europe. Montreuil, 1987

Les faits
Le 17 octobre 1961, à l’appel de la Fédération de France du FLN 30 000 algériens manifestent pacifiquement à Paris pour protester contre le couvre-feu discriminatoire qui leur est imposé et réclamer l’indépendance de l’Algérie.
Sous l’autorité du préfet de Police de l’époque, Maurice Papon, la manifestation est durement réprimée tuant des dizaines d’algériens.
11 538 Algériens seront interpellés, ce qui n’est pas sans rappeler la grande rafle du Vel d’hiv des 16 et 17 juillet 1942 où 12 884 juifs avaient été arrêtés, des dizaines d’assassinats, des manifestants jetés dans la Seine, des centaines d’expulsions et autant de plaintes restées sans suite. Pas d’enquête, pas de procès et encore moins de commémoration.

7 longs métrages, fictions et documentaires
4 courts métrages et clips.

« Octobre à Paris »
de Jacques Panijel (1962 – 70’)

Premier film documentaire sur les crimes policiers perpétrés après les manifestations en faveur de l’indépendance de l’Algérie du 17 octobre 1961.
Dès le lendemain de la manifestation, Jacques Panijel, commence dans des conditions très difficiles le tournage de « Octobre à Paris » pour alerter l’opinion sur la tuerie qui vient de se produire dans les rues de Paris.
_Financé avec les fonds du Comité Audin (collectif d’intellectuels engagés contre l’Algérie française) Octobre à Paris a été tourné à la fin du mois d’octobre 1961.
Composé de captations documentaires, de photos (entre autres celles d’Elie Kagan), d’interviews de manifestants et de reconstitutions, le film a été censuré dès 1962 et Jacques Panijel menacé de poursuite. Dès qu’il y avait une projection, les policiers débarquaient et saisissaient les bobines.

Ce film a été longtemps censuré.
La fin de la guerre d’Algérie ne signifia pas pour autant la levée de l’interdiction. C’est seulement en 1973 que la situation s’est débloquée. Après la grève de la faim du cinéaste et ancien résistant René Vautier, le film a obtenu son visa d’exploitation, il pouvait enfin être montré. Mais il a été bloqué pour des questions de droits jusqu’à aujourd’hui.

Le film sort en salles le 19 octobre 2011.

Une préface intitulée “À propos d’octobre”, tournée par Mehdi Lallaoui, a été ajoutée au film. elle est visible en allant sur le site consacré au film.

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« Ici on noie les Algériens »
de Yasmina Adi (2011- 90’)

Même objectif que le précédent, même méthode alternant témoignages et archives, mais tourné 50 ans plus tard dans de toutes autres conditions techniques.
Dans le premier, les conditions précaires de tournage, l’émotion des témoins intacte en raison de la proximité de l’événement, leur difficulté d’expression - due aussi au manque de maîtrise de la langue française, à tel point qu’un sous-titrage ne serait pas inutile -, donnent une force extraordinaire au film et font ressortir de façon brute les violences subies. Dans le second, l’expression est nette, les dialogues précis. Par sa description claire de l’événement, il est un complément évident du premier
Mêlant histoire et mémoire, passé et présent, le film est construit comme un thriller. Pour que la vérité remplace les non-dits et pour faire émerger la dimension politique et humaine de cet épisode trop longtemps tu.


Le film sort en salles le 19 octobre 2011

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« Nuit noire, 17 octobre 1961 »
de Alain Tasma (2005 – 108’)

Ce n’est pas un documentaire, mais une fiction.

Alain Tasma retrace avec une grande sincérité et une impartialité étonnante l’escalade des tensions en plein Paris, l’exacerbation d’un sentiment de haine entre algériens et policiers et le chaos qui s’en suivra. La limite est ténue entre le bien et le mal, les bons et les méchants, mais grâce au scénario de Patrick Rotman les comportements paraissent réalistes, chaque détail a été méticuleusement bien écrit.
Le film croise les destins de personnages qui ont, chacun, une vue partiale et partielle de la situation : Sabine, journaliste ; Nathalie, porteuse de valises ; Martin, jeune flic sans engagement politique ; Tierce, policier syndicaliste ; Tarek, ouvrier de nuit non militant ; son neveu, Abde, qui suit des cours du soir ; Ali Saïd, cadre du FLN ; Maurice, coordonnateur de la Fédération de France du FLN. À ces personnages s’ajoute une figure historique : le préfet Papon.

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« 17 octobre 1961, dissimulation d’un massacre »
de Daniel Kupferstein (2001 – 52’)

Ce fut un véritable festival de mensonges, d’erreurs et d’intoxication dans la presse française au lendemain des massacres du 17 octobre 1961, à Paris, raconte le journaliste René Dazy qui a vu tellement de sauvagerie se déployer ce jour là qu’à son retour à la rédaction, il vomit. 

Construit sur une avalanche de témoignages hallucinants, de révélations et de vérités longtemps refoulées, le film explique pourquoi ce crime a été occulté, pourquoi cette histoire a été dissimulée, dans quelles conditions et au nom de quelles raisons des responsables d’un Etat dit démocratique, ont-ils caché l’ampleur et la gravité de tels événements ?.


Parmi les scènes filmées notamment :

en février 1999, le procès en diffamation intenté par Maurice Papon, ancien préfet de police, contre l’écrivain Jean-Luc Einaudi à la suite de son témoignage devant la Cour d’assises de Bordeaux en 1997.
l’interview de Brigitte Lainé et Philippe Grand, conservateurs en chef du patrimoine détachés aux Archives de la Ville de Paris, objet d’une enquête administrative au lendemain de leurs témoignages au procès de J.-L. Einaudi.

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« Vivre au paradis »
de Bourlem Gerdjou (1999 – 97’)

Une rare fiction retraçant la vie des travailleurs immigrés dans le bidonville de Nanterre pendant la Guerre d’Algérie. Leur quotidien au travers d’une famille fracturée par le désir d’accession à la modernité du père et la fidélité aux valeurs du groupe incarnée par la mère.
Une séquence sur le 17 Octobre 1961.


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« Le silence du fleuve »
de Mehdi Lallaoui et Agnès Denis
(1991 – 52’)

"L’oubli est complice de la récidive", dit le commentaire de ce film consacré à la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris et à la sauvage répression qui s’en est suivie.

Le film rassemble des témoins oculaires parmi lesquels un prêtre, un gardien de la paix, un couple d’ouvriers sympathisants de la cause algérienne, une avocate, des conseillers municipaux de Paris dont Claude Bourdet (alors l’un des dirigeants du PSU et journaliste à France Observateur), Gérard Monatte, le futur dirigeant syndical dans la police, et l’éditeur et écrivain François Maspero.

Mehdi Lallaoui est président de l’association « Au Nom de la Mémoire »

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Et aussi : « Meurtres pour mémoire », de Laurent Heynemann (1984 – 81’) ; « Mémoires du 17 octobre », de Faïza Guène et Bernard Richard (2002 - 17’) ; « Témoignages d’octobre », de Sébastien Pascot (2002 - 11’) ; « Une histoire du guetto français : 17 octobre1961 », de Sébastien Pascot (Clip, 3mn26).


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