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Brochure publiée en 1949 par le PCA

1947 - 1949 : LE PARTI COMMUNISTE EN TRANSITION

Rapport du Comité central pour le Vème Congrès National du Parti Communiste Algérien

lundi 20 août 2012


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1947-1949 l’Algérie en ébullition, quelques extraits relatifs aux mouvements sociaux, pendant cette période : grèves des travailleurs agricoles, des mineurs… …


TABLE DES MATIÈRES


PARTI COMMUNISTE ALGÉRIEN

AVRIL 1947 - MAI 1949

Du Congrès de Maison-Carrée
au Congrès d’Oran

Deux Années de Lutte

POUR

LA LIBERTÉ ET LA PAIX

LA TERRE ET LE PAIN

_____

Rapport du Comité central
pour le Vème Congrès National
du Parti Communiste Algérien.

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… extraits de la brochure
“Rapport du Comité central pour le Vème Congrès National du Parti Communiste Algérien”
relatifs aux mouvements sociaux en Algérie
1947 - 1949…

BILAN DE DEUX ANNÉES DE LUTTE

pour la LIBERTÉ et la PAIX, la TERRE et le PAIN


Le IVe Congrès National de notre Parti, qui se tint du 17 au 19 avril 1947, vota une courte résolution approuvant sans réserve l’appel lancé par le Comité Central le 21 juillet 1946 :

  • « Le Congrès considère que les raisons qui ont motivé cet appel restent d’actualité et que l’union de tous les partis et groupements démocratiques et progressistes est plus que jamais nécessaire ».

BASE FONDAMENTALE DE LA POLITIQUE
NATIONALE DU PARTI

Jusqu’en juillet 1946, le Parti n’avait pas une appréciation nette de la puissance du mouvement national. Partant, son orientation était erronée. Il se trouvait ainsi isolé du mouvement national. C’est ce que dégagea le Comité Central de juillet 1946 après une courageuse et saine autocritique. Et dans un appel, il fixait nettement nos objectifs :

  • Pour l’immédiat :
    Une Assemblée et un Gouvernement algériens gérant toutes les affaires algériennes.
  • Et dans la perspective :
    « Une révolution démocratique algérienne ayant sa Constitution, son Parlement, son Gouvernement.

« Cette République sera unie par des liens fédératifs librement décidés au peuple de France et aux autres peuples fédérés au sein de l’Union Française ».

Les objectifs ainsi fixés , le moyen de les atteindre était résumé dans le mot d’ordre central du comité Central :

FRONT NATIONAL DÉMOCRATIQUE
ALGÉRIEN

Pour la Liberté, la Terre et le Pain

Le IVe Congrès reprit donc à son compte ce mot d’ordre… …

(page 3)


… extraits … (page 8)

LES GRANDES LUTTES OUVRIÈRES
DE NOVEMBRE - DÉCEMBRE 1947

La politique de préparation à la guerre des colonialistes accula les travailleurs à la misère. En août 1947, l’indice des prix était de 1.066. En novembre de la même année il atteignit 1.263 alors que les salaires horaires de base qui était de 30 fr. l’heure n’avait pas bougé au cours de la même période.

D’autre part les sociétés industrielles et agricoles réalisaient de gros bénéfices. Voici quelques chiffres :

  • Société de l’OUENZA : 76.367.374 en 1947.
  • Société des PHOSPHATES DE CONSTANTINE : 51.866.121 en 1947.
  • Société du CHAPEAU DU GENDARME (Borgeaud) : 10.359.103 en 1946, 14.799.124 en 1947.
  • Société des MINES DE M’ZAITA : 323.937 en 1946, 26.580.735 en 1947.
  • Société BASTOS : 16.500.000 en 1946, 26.000.000 en 1947.

Il ne restait plus aux travailleurs qu’une issue pour défendre leurs conditions d’existence : la lutte. Ils l’engagèrent avec ardeur.

Au cours des grèves de novembre-décembre 1947, 100.000 travailleurs Algériens de toutes origines et de toutes conditions participèrent vaillamment à la lutte.

Seuls, en tant que Parti, nous avons apporté notre appui le plus complet aux modestes et légitimes revendications des masses laborieuses. Les militants communistes étaient à la pointe du combat. Contre les mensonges et les calomnies dont la presse et la radio aux ordres du Gouvernement et de l’Administration accablaient la classe ouvrière. « Liberté » sortit le 7 décembre un numéro spécial tiré à 10.000 exemplaires. Nos élus démontraient la légitimité de cette lutte, s’élevaient contre la répression, dénonçaient les provocations.

(page 9)

L’union systématiquement repoussée par les dirigeants des Partis nationalistes fut réalisée dans la lutte des travailleurs. Cette expérience démontra la justesse de notre politique qui, sans sous-estimer les contacts au sommet, oriente principalement nos efforts vers l’union à la base.

Travailleurs Communistes, M.T.L.D., U.D.M.A., Socialistes, sans parti se serrèrent les coudes face au patronat de combat et à l’administration colonialiste à son service.

Au cours de cette période, la classe ouvrière algérienne fit montre d’un esprit de lutte très élevé. Elle se dressa courageusement face aux forces policières. Les travailleurs arabo-berbères – les plus exploités, les plus misérables – se montrèrent les plus combatifs.

Outre les avantages arrachés par la lutte, les travailleurs algériens sont sortis de cette bataille aguerris. Ils ont renforcé leurs rangs, plus que jamais convaincus que seule la lutte paye. Cela ne fut évidemment pas du goût du patronat, des gouvernants colonialistes français qui ordonnèrent la criminelle scission de la C.G.T. Cette opération heureusement ne répondit pas à leurs espoirs.

Cependant, bien qu’en Algérie Force Ouvrière n’ait pas réussi à constituer des bases solides, il est hors de doute qu’un certain nombre de travailleurs furent découragés par cette scission.

Nombreux sont ceux qui, depuis lors, ont repris leur place de combattants actifs au sein des syndicats algériens confédérés.

La lutte de la classe ouvrière algérienne a été aussi un stimulant pour l’ensemble du mouvement national. En marquant sa place au sein du mouvement national et en y jouant de plus en plus son rôle d’avant-garde, la classe ouvrière le renforce et l’oriente dans la voie juste.

LES ÉLECTIONS À L’ASSEMBLÉE ALGÉRIENNE

L’année 1948 débute sous le signe de la lutte du mouvement national sans cesse grandissant contre les forces d’oppression. L’événement le plus marquant du premier trimestre fut la grande bataille politique des élections à l’Assemblée Algérienne.

Notre Parti qui se rendait parfaitement compte de l’importance de cette bataille appelait les masses à l’union et à l’action pour imposer des élections démocratiques. Réuni le 12 janvier 1948, le Bureau Politique mandatait nos camarades députés

  • « pour déposer d’urgence une proposition de loi portant élection de l’Assemblée algérienne à la représentation proportionnelle et accordant effectivement le droit de vote aux Algériennes d’origine arabo-berbère ».

…/…


… extraits … (page 13)

LA LUTTE DES MINEURS DU KOUIF ET DES
OUVRIERS AGRICOLES

Cependant, la situation de la classe ouvrière devenait de plus en plus misérable. En février 1948 l’indice du coût de la vie était de 1.479. En mai 1948 il passa à 1.780 alors que le salaire de base qui était de 37 fr. de l’heure passa à 40 fr. de l’heure en janvier soit 3 fr. de plus qu’en décembre 1947.

Le 15 avril, les 2.000 mineurs du Kouif engageaient leur première grande et victorieuse grève qui dura 64 jours. De leur côté, les parias de la terre, les ouvriers agricoles qui gagnaient de 100 à 150 fr. par jour, déclenchèrent les plus importantes grèves que nous ayions connues jusque-là dans l’agriculture. Dès le 13 juin, plusieurs milliers de travailleurs de la terre, engagés dans l’action revendicative, notamment dans les régions d’Alger, de Blida et d’Oran, firent preuve d’un esprit de lutte et d’un sens des responsabilités remarquables.

En défendant leurs conditions d’existence, les mineurs d’un côté, les ouvriers agricoles de l’autre, s’attaquaient aux racines mêmes du colonialisme.

Mineurs et ouvriers agricoles se rendirent bien compte que le Parti Communiste Algérien était le seul à soutenir leurs luttes. C’est pourquoi ils rejoignirent nos rangs par centaines.


… extraits … (page 15)

LA LUTTE SUR LE SOL NATIONAL

À la même session, le Comité Central enregistra le début de profonds changements dans la situation politique en Algérie. Les masses arabo-berbères notamment qui, jusque là et, dans une certaine mesure, boudaient notre Parti par suite des répercussions de l’affaire palestinienne, commençaient à se rendre compte de la justesse de notre politique. Soulignant les immenses possibilités qui existaient pour « mettre fin au régime colonialiste ébranlé ». Le Comité Central insista sur ce mot d’ordre central :

« l’action et l’union sur le sol national ».

Effectivement le dernier trimestre de l’année 1948 fut marqué par le développement de l’union et de l’action des masses populaires et en premier lieu de la classe ouvrière algérienne.

L’indice du coût de la vie avait passé de 1.263 (novembre 1947) à 2.174 (novembre 1948) soit près de 100%, alors que le salaire de base avait augmenté de 22%.

Assemblée des grévistes de l’Entreprise Tidjani où les femmes musulmanes
avaient pris une part très active.
(« Liberté » du 11 novembre 1948)

Contre la politique de misère, les travailleurs des principales corporations livrèrent de grandes batailles victorieuses. Dockers,

… extraits … (page 16)

mineurs, fonctionnaires, métallos, travailleurs du bâtiment, des tabacs ou des produits chimiques, hommes et femmes, et pour la première fois les femmes musulmanes manifestèrent une combattivité extraordinaire.

La grève victorieuse des mineurs de Kénadsa, Beni-Saf, l’Ouenza, Timezrit, M’Zaïta, lutte qui dura parfois jusqu’à deux et trois mois, prenait une importance nationale. Notre Parti décidait le 25 novembre de soutenir les mineurs en lutte et de transformer sa souscription nationale en souscription en faveur des mineurs en grève. Environ 600.000 fr. furent versés par le Comité Central du Parti au Syndicat des mineurs, sans compter les collectes faites localement par nos camarades et remises directement aux familles des mineurs.

Par son union dans l’action, la classe ouvrière montrait à l’ensemble des Algériens le chemin à suivre. Et, par ailleurs, comme l’a toujours déclaré notre Parti, la lutte pour le pain est inséparable de la lutte pour la liberté, la classe ouvrière prenait résolument la place prédominante qui doit être la sienne au sein du mouvement national.

L’ACTION A LA CAMPAGNE

Bien qu’insuffisante, l’action du Parti dans les campagnes aboutit à des résultats positifs. Le Parti prit la tête de l’action de nos paysans dans différentes régions pour le recasement des paysans sans terre, la répartition des terres domaniales et communales aux petits fellahs, une juste distribution de l’eau dans le Sud, l’octroi de prêts et de semences aux petits cultivateurs, etc…

La djemaâ communiste de DUPERRE arracha la distribution de 79 hectares de terrains communaux.

Grâce à l’action menée par la région du Parti à Tlemcen, à la tête des fellahs en septembre 1947, l’expulsion des paysans d’Aïn-Nabla (Ouled Mimoun) est suspendue. En février 1948, le Parti est à l’origine de la distribution des terres d’El Hamraïa aux fellahs d’El-Oued. A El-Mahdia, en avril 1948, les fellahs, grâce à une action dirigée par le Parti, obtiennent satisfaction ; octroi d’une parcelle de terre par plantation de palmiers, attribution aux paysans de 1.375 litres-minute d’eau pour irriguer leur palmeraie.

Parallèlement à ces résultats positifs, « Liberté » et « Algérie Nouvelle » dénonçaient l’expropriation des fellahs, des petits colons au profit des grandes compagnies et des gros colons. Nos kournaux dénoncèrent également les accords franco-italiens qui constituent un danger pour les cultivateurs algériens.

… (page 17)

Ainsi, les deux années qui nous séparent du IVe Congrès de Maison-Carrée furent deux années de lutte ininterrompue menée par les Algériens avec une ardeur toujours accrue.

Le Parti Communiste Algérien fut l’animateur infatigable de cette lutte et le guide clairvoyant des masses populaires. Le journal « Le Monde » du 27 octobre 1948 est obligé de reconnaître l’inflexible continuité de nos vues lointaines, notre foi, notre discipline, notre souplesse et notre persévérance.

Si le Parti défendit avec ardeur les ouvriers, il n’oublia pas les campagnes. Le programme défini au Comité Central de juillet 1946 continue à être la base fondamentale de notre politique à la campagne. Rappelons-le :

« l’acheminement de l’Algérie vers le progrès exige une réforme agraire profonde qui donne la terre à ceux qui la travaillent : aux ouvriers agricoles, aux khammès, aux fellahs, aux petits colons.

« Cela signifie dans l’immédiat :

1. « Distribution à ceux qui sont dépourvus de terre :

  • a) « des terres à confisquer aux collaborateurs avec l’ennemi fasciste, aux saboteurs de la production et du ravitaillement ;
  • b) « des grands domaines appartenant à la Colonie et à certaines communes ;
  • c) « des propriétés de plus de 100 hectares achetés depuis 1940 par des non-agriculteurs ;
  • d) « des domaines des grandes sociétés anonymes (Compagnie Algérienne, Société Génevoise, etc… ;
  • e) « des terres améliorées par l’irrigationà récupérer selon la loi Martin ;

2. « une politique hardie et juste de l’eau ;

3. « la répartition équitable des semences, engrais, charrues, fourrages ;

4. « l’octroi des crédits aux fellahs et aux petits colons nécessiteux ».


… extraits … (page 25)

La classe ouvrière montre le chemin

Au cours de l’année 1948, nous avons vu les masses populaires constamment en bouillonnement. Partis politiques, syndicats, organisations démocratiques de femmes ou de jeunes, Comités populaires multiples ont traduit la volonté de lutte des Algériens pour la liberté et de meilleures conditions d’existence. L’accentuation de la lutte a eu comme résultat le renforcement indéniable des forces nationales et démocratiques.

On ne saurait trop souligner l’importance de la participation de la classe ouvrière à la lutte générale. C’est elle qui s’est montrée la plus combattive et le plus apte à poursuivre la lutte jusqu’à la victoire.

Assemblée des mineurs au cours de leur magnifique lutte de novembre 1948

La lutte des mineurs en particulier a été non seulement un stimulant, mais aussi un facteur décisif qui a permis à de nombreuses corporations d’engager des combats victorieux.

En plus des revendications propres à leur corporation, les travailleurs des villes et des campagnes veulent arracher l’application à l’Algérie du projet de sécurité sociale déposé par nos camarades Pierre FAYET et Alice SPORTISSE et que l’Assemblée Algérienne a tenté de saboter.

… / …

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TABLE DES MATIÈRES

I. BILAN DE DEUX ANNÉES DE LUTTE POUR LA LIBERTÉ ET LA PAIX, LA TERRE ET LE PAIN ……………………………………………………….. Page 3

  • La campagne pour un statut démocratique … … … … … … … … 4
  • La Conférence des partis Communistes à Varsovie … … … … … … 6
  • Les élections municipales et de djemaâs … … … … … … … … … … … 7
  • Les grandes luttes ouvrières (nov. décembre 1947) … … … … … … 8
  • Les élections à l’Assemblée Algérienne … … … … … … … … … … … 9
  • Contre la répression… … … … … … … … … … … … … … … … … … 11
  • La ferme position du Parti sur la question palestinienne … … … …11
  • La lutte des mineurs du Kouif et des ouvriers agricoles… … … … 13
  • La résolution du Bureau d’Information sur la situation dans le Parti Communiste de Yougoslavie … … … … … … … … … … … … 14
  • Pour la Paix, contre les fauteurs de guerre …………………………… 14
  • La lutte sur le sol national ………………………………………………… 15
  • L’action à la campagne …………………………………………………….. 16

II. LE DÉVELOPPEMENT DES FORCES DÉMOCRATIQUES

  • La faiblesse du camp impérialiste ………………………………… 18
  • L’essor économique, culturel et politique de l’U.R.S.S. ………… 19
  • La marche des démocraties populaires vers le socialisme ……… 20
  • Lutte des peuples pour la Liberté et la Paix ……………………… 20
  • La classe ouvrière et le peuple de France au combat …………. 22
  • La situation en Algérie ……………………………………………23

III. LE PARTI COMMUNISTE ALGÉRIEN ESPOIR
DE TOUS LES ALGÉRIENS
………………………………………… 33

  • Une arme essentielle : l’autocritique …………………………… 33
  • L’organisation du Parti …………………………………………………35
  • La propagande ………………………………………………………………38
  • L’éducation et les cadres ……………………………………………40
  • La raison de nos succès ……………………………………………42

EN AVANT POUR LA LIBERTÉ ET LA PAIX, LA TERRE ET LE PAIN –
AU TRAVAIL POUR LE Ve CONGRES NATIONAL DU PARTI
47

  • Développer la lutte pour les objectifs immédiats …………………47
  • Plus que jamais : Union …………………………………………………….. 48
  • Renforcer le Parti ……………………………………………………………... 49

ANNEXE

  • Les élus communistes fidèles à leur mandat …………………… 51

    _______________

Imprimerie Kœchlin (S.I.E.A.R.)


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Portfolio

  • Assemblée des mineurs au cours de leur magnifique lutte de novembre (...)

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